En effet mon engagement n’a-t-il pas pris sa source lors de cette fameuse Marche de Marseille à Paris -devenue depuis dans l’imaginaire collectif la «Marche des Beurs»- qui proclamait Français-Immigrés Égalité des Droits?
Et qui s’est bel et bien inscrite dans l’histoire des luttes de cette France, riche de sa belle diversité.
Depuis toujours j’ai tenté -et plutôt réussi- de joindre les deux bouts de cette identité, que je partage avec tant et tant d’autres: Franco-Marocain ou Marocco-Français.
Mon cheminement militant m’a amené à m’engager toujours plus dans le développement de la société de ce beau Pays qui m’a vu naître, d’abord au sein de structures associatives puis auprès de deux grandes ministres de l’Etat Français: Martine Aubry et Elisabeth Guigou.
Sans jamais me retrouver en porte-à-faux, j’ai donné de moi-même pour servir ce pays que j’aime: la France, et contrairement à ce que d’aucuns prétendent aujourd’hui, sans jamais vivre ma double nationalité comme un fardeau ou comme une traîtrise envers l’un ou l’autre de mes pays.
Je m’insurge -et je ris en même temps- quand j’entends certains prétendre qu’il y aurait «double allégeance», il y a tout simplement amour, sincérité, responsabilité!
Lorsque l’on sait qui l’on est, lorsque l’on sait où l’on va et surtout lorsque l’on se sent respecté pour ce que l’on est alors ce faux problème ne se pose pas.
Enfant de l’addition plutôt qu’enfant de la soustraction, ou pire encore enfant de la division.
Etant adolescent je disais que j’avais de la terre du Maroc à la semelle de mes souliers, aujourd’hui alors que je suis (r)entré depuis plusieurs années dans le pays de mes origines -que j’aime passionnément et pour lequel j’essaie de faire œuvre utile- je sais que j’ai amené de la terre de France avec moi.
Sa Majesté Hassan II m’avait fait l’honneur de me reconnaître en tant qu’acteur de l’amitié entre les deux pays en me décorant du Ouissam Alaouite…
Aujourd’hui à mon très modeste niveau je voudrais poursuivre ce parcours fait de liens du cœur, de liens du sang, humains, historiques, économiques, affectifs…
Peut-être pourra-t-on dire que je fais preuve d’audace, moi je n’y mets que de l’amour: ma Lettre à France n’a d’autre poids, d’autre valeur que celle que lui donnent ces milliers de Franco-Marocains, de Marocains de France, de Français du Maroc, de Français amis du Maroc…qui, j’en suis convaincu, pourraient écrire ces mots.
Et ce poids, cette valeur tout compte fait sont énormes.
Tant et tant de Marocains ont donné leur vie pour la France, tant et tant ont donné leurs muscles, leur sueur, leur force pour construire la France, tant et tant -aujourd’hui, donnent leur créativité, leurs compétences, leur jeunesse à ce pays où ils sont nés, que je ne me sens -que je nous sens- légitime pour rédiger cette adresse.
Le Maroc n’a jamais fait faux bond à la France, il a toujours été là et la France elle aussi a maintes fois prouvé qu’elle était aux côtés du Maroc, non pas dans un rapport de dépendance de l’un envers l’autre, mais bel et bien sur un pied de respect mutuel, de dignité.
Je t’écris donc cette lettre ô France -et te connaissant je sais que tu sais faire la différence entre opportunisme et sincérité- et très bizarrement je sens que ces mots ne m’appartiennent pas de façon égoïste, ils appartiennent à ces milliers de personnes qui s’y retrouveront, qui s’y reconnaîtront et leur donneront l’élan nécessaire pour t’atteindre…
Tout comme toi, ô France, le Maroc ne se sent ‘’complet’’ qu’au milieu de tous ses territoires, les Marocains ont consenti beaucoup de sacrifices pour que leurs Provinces du Sud ne soient pas coupées de leur appartenance, que le Maroc ne soit pas tronqué dans son identité, dans son entièreté: Sa Majesté le Roi Mohammed VI est un grand Roi, sage, juste, empathique, soucieux d’équité et privilégiant toujours la Paix, il nous inspire et nous incite tous -partisans de la fraternité- à mettre nos pas dans les siens.
Les relations entre les deux Pays sont toujours qualifiées d’exceptionnelles -et elles le sont à plus d’un titre- la principale étant sûrement ce lien familial qui unit les populations des deux Nations.
A tous ces titres -mais aussi car il est ici question de justice, il est temps que la France fasse «le pas qui manque» et reconnaisse la souveraineté du Maroc sur ses Provinces du Sud.
Oui France, crois-moi, crois-nous, nous qui avons été bercés par les lumières de ton histoire et qui connaissons tes valeurs.
Nous ne sommes pas dans une démarche de quémandeurs, nous attendons une preuve d’amour -car l’amour ne vaut que par ses preuves n’est-ce pas- nous sommes nombreux à l’espérer, à la souhaiter, à la désirer.
France, soit au rendez-vous de notre communauté de destin.