La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), dont 10.000 soldats sont déployés dans le sud du pays, a annoncé dans la matinée du jeudi 10 octobre que «deux Casques bleus ont été blessés après qu’un char Merkava de l’armée israélienne a tiré sur une tour d’observation du QG de la Finul» à Naqoura, «la touchant directement et provoquant la chute» des deux hommes. De nationalité indonésienne, ces derniers sont «encore à l’hôpital» mais «leurs blessures ne sont pas graves».
«Les soldats israéliens ont également tiré sur une position de l’ONU à Ras al-Naqoura, touchant l’entrée du bunker où des Casques bleus avaient trouvé abri et endommageant des véhicules et des systèmes de communication», poursuit la Finul dans un communiqué.
Mercredi, «des soldats israéliens ont délibérément tiré sur les caméras de la position, les mettant hors d’usage et ont également tiré délibérément sur une position où des réunions tripartites se tenaient régulièrement avant que ce conflit n’éclate», selon la même source.
Aussitôt, Rome, premier pays occidental contributeur de la Finul en termes d’effectifs, avec près de 900 militaires mobilisés, a dénoncé des actes «intolérables» et convoqué l’ambassadeur d’Israël pour une «ferme protestation». Peu après, la France et l’Italie décidaient d’organiser une rencontre la semaine prochaine avec les autres pays européens contributeurs -Espagne et Irlande- selon le ministère français des armées.
Le président du Conseil européen Charles Michel, en déplacement au Laos pour le sommet annuel de l’Asean, a condamné vendredi ces tirs. «Une attaque contre une mission de maintien de la paix des Nations unies est irresponsable, inacceptable, et c’est pourquoi nous appelons Israël et toutes les parties à respecter pleinement le droit humanitaire international», a déclaré le dirigeant, en marge d’un sommet des pays d’Asie du Sud-Est.
«Extrêmement dangereuses»
Le Premier ministre irlandais, Simon Harris, dont le pays a un contingent de Casques bleus dans le sud du Liban, a fustigé sur X «un acte irresponsable» ajoutant que «cela doit cesser».
Le dimanche 6 octobre, la Finul avait dénoncé des opérations de l’armée israélienne près d’une de ses positions dans le secteur du village frontalier de Maroun al-Ras, les jugeant «extrêmement dangereuses». Elle avait annoncé la veille «maintenir ses positions», malgré une demande de l’armée israélienne d’en «déplacer certaines».
Any deliberate attack on peacekeepers is a grave violation of international humanitarian law and of Security Council resolution 1701.
— UNIFIL (@UNIFIL_) October 10, 2024
We are following up with the IDF on these matters.
La Finul appelle depuis le début de l’escalade les deux belligérants à appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette résolution, qui avait acté la fin de la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, stipule que seules les forces de maintien de la paix de l’ONU et l’armée libanaise peuvent être déployées dans le sud du Liban. En dépit de cette résolution, Israël a lancé le 30 septembre des opérations terrestres dans le sud du Liban, suivies de bombardements dans plusieurs zones à l’intérieur du pays.