Les dirigeants des 32 pays de l’Otan, inquiets de l’aide apportée par la Chine à la Russie dans la guerre en Ukraine, vont en discuter ce jeudi avec leurs partenaires d’Asie-Pacifique, avant une rencontre avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en marge d’un sommet également marqué par le climat d’incertitude politique régnant aux États-Unis.
Le président américain Joe Biden, hôte de cette rencontre, doit donner une conférence de presse jeudi, après des semaines d’interrogations sur son état de santé et sa capacité à affronter son rival républicain Donald Trump lors de l’élection présidentielle de novembre.
Elle aura lieu à la fin de ce sommet, dont la dernière journée sera en partie consacrée à la Chine et son partenariat stratégique avec Moscou qui suscite de «profondes préoccupations» au sein de l’Alliance atlantique, indique une déclaration commune des pays de l’Otan, adoptée mercredi à Washington. «La Chine aide de façon décisive la Russie dans sa guerre illégale d’agression contre l’Ukraine», a dénoncé le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, lors d’une conférence de presse.
L’Otan accuse la Chine de fournir des équipements à double usage, civil et militaire, à la Russie, comme des micro-processeurs. Tous ces équipements permettent à Moscou de «produire des missiles, des bombes, des avions et des armes», a affirmé M. Stoltenberg. Et le fait que cette accusation soit désormais «clairement actée» par les pays de l’Otan est «un message très important» envers Pékin, a-t-il souligné.
De son côté, la Chine a dénoncé jeudi «une mentalité digne de la Guerre froide» et «une rhétorique belliqueuse», selon un communiqué du porte-parole de la mission chinoise auprès de l’Union européenne (UE). «L’Otan devrait cesser de faire du tapage sur une soi-disant menace chinoise, cesser d’inciter à la confrontation et à la rivalité, et contribuer davantage à la paix et à la stabilité dans le monde», a-t-il souligné.
La Chine, qui dément avec colère les accusations occidentales, a toujours refusé de condamner l’invasion russe en Ukraine en février 2022, entamant un rapprochement significatif avec Moscou. Mardi, elle a dénoncé les «diffamations» et les «attaques» de l’Otan, après des mises en cause de son secrétaire général.
Le sujet doit être abordé jeudi lors d’une rencontre entre les 32 dirigeants de l’Otan et leurs homologues du Japon, de la Corée du Sud, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Pékin voit dans cette invitation un prétexte de l’Otan pour étendre son influence en Asie.
Entre cyberattaques, désinformation et «activités hybrides», la Chine reste une menace pour l’Alliance, mais aussi pour la sécurité globale, selon la déclaration commune de l’Otan. Les dirigeants de l’Alliance ont ainsi accusé la Chine «d’accroître la menace que la Russie représente pour ses voisins et pour la sécurité euro-atlantique». Pékin «ne peut rendre possible la poursuite de la plus grande guerre que l’Europe ait connue dans son histoire récente sans que cela ne nuise à ses intérêts et à sa réputation», ont-ils mis en garde.
Réunis depuis mardi à Washington, les dirigeants de l’Otan ont annoncé mercredi un ensemble de mesures pour aider l’Ukraine. Ils s’agit notamment du transfert de F-16 de fabrication américaine et de nouveaux systèmes de défense antiaérienne, et d’un engagement financier d’au moins 40 milliards d’euros en aide militaire.