La réunion de mardi à Jeddah, en Arabie saoudite, devrait être la première entre responsables ukrainiens et américains depuis la visite du président Volodymyr Zelensky à la Maison Blanche fin février, qui avait donné lieu à une spectaculaire joute verbale. Washington a depuis suspendu son aide militaire et son partage de renseignements, et Kiev tente de recoller les morceaux avec le président Donald Trump.
Le président ukrainien ouvrira le bal diplomatique lundi en rencontrant le prince héritier Mohammed ben Salmane. «Après cela, mon équipe restera en Arabie saoudite pour travailler avec nos partenaires américains», a-t-il expliqué.
Ces discussions doivent servir à «définir un cadre pour un accord de paix et un cessez-le-feu initial» entre la Russie et l’Ukraine, avait indiqué l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, qui sera présent. L’Ukraine est restée plus vague. «Nous espérons discuter et se mettre d’accord sur les décisions et étapes nécessaires», a dit Volodymyr Zelensky, sans préciser sur quel sujet.
Kiev est favorable à un «dialogue constructif» mais veut que ses intérêts soient «pris en compte», avait insisté le président ukrainien, se disant persuadé que la réunion serait «productive». Il a affirmé espérer «des résultats à la fois pour se rapprocher de la paix et poursuivre le soutien», semblant faire référence à l’aide américaine suspendue.
«Se rapprocher de la paix»
Les relations entre Washington et Kiev se sont profondément transformées en l’espace de quelques semaines, avec le retour à la Maison Blanche de Donald Trump en janvier. Cela se produit à l’heure où Kiev est à la peine sur le front. Durant le week-end, la Russie a revendiqué d’importantes avancées dans sa région de Koursk et même une poussée dans la région ukrainienne de Soumy, une première depuis 2022.
Donald Trump a multiplié les piques contre Volodymyr Zelensky, accusé d’être un «dictateur», de n’être pas assez reconnaissant ou de n’être pas prêt à la «paix». La tension a culminé lors d’une altercation fin février à la Maison Blanche, où le président ukrainien devait signer un accord sur l’exploitation des minerais de son pays par les États-Unis.
Le ton s’est depuis quelque peu apaisé, Volodymyr Zelensky jugeant l’incident «regrettable» et Donald Trump estimant que son homologue ukrainien était prêt à négocier, menaçant même Moscou de nouvelles sanctions. «Nous allons faire beaucoup de progrès. Dès cette semaine je pense», a assuré dimanche soir le président américain.
Points d’achoppement
Mais les points d’achoppement demeurent. L’accord sur l’exploitation minière, dont Donald Trump compte tirer des revenus pour rembourser l’aide américaine fournie à Kiev, n’a toujours pas été conclu. Interrogé sur la possibilité qu’il soit signé en Arabie saoudite, Steve Witkoff avait assuré que le président ukrainien avait «proposé de le signer, et nous verrons s’il le fait». Autre désaccord, le récent rapprochement entre Washington et Moscou, en rupture avec la politique occidentale d’isolement du président russe Vladimir Poutine.
Lors des discussions mardi, l’Ukraine devrait être représentée par le chef de l’administration présidentielle Andriï Iermak, le ministre des Affaires étrangères Andriï Sybiga, le ministre de la Défense Roustem Oumerov et le chef-adjoint de cabinet du président Pavlo Palissa.
L’équipe américaine sera composée de hauts responsables qui avaient déjà rencontré les représentants russes en février: le chef de la diplomatie Marco Rubio, qui s’est envolé dimanche soir pour Jeddah, Steve Witkoff et le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz.
L’Arabie saoudite, allié historique des États-Unis, consolide son influence internationale en accueillant ces rencontres. Le pays a aussi été impliqué dans les négociations concernant l’échange de prisonniers historiques entre la Russie et l’Occident en août 2024.
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