Après les mesures de sécurité draconiennes qui avaient conduit à la fermeture totale de la frontière algéro-mauritanienne, déclarée zone militaire interdite en juillet 2017, des mesures économiques viennent de tomber pour mettre fin au «vide douanier» qui caractérisait cette zone où tous les trafics avaient cours.
En effet, dès l’ouverture officielle du passage frontalier algéro-mauritanien, inauguré en août dernier, les autorités de Nouakchott se sont empressées de soumettre tous les produits transitant par ce passage, en provenance d’Algérie, aux tarifs douaniers en vigueur dans le pays.
Lire aussi : Un poste-frontalier avec l’Algérie fait flamber les prix en Mauritanie
L’application de cette décision a été reportée dans un premier temps, en raison de la spéculation à laquelle se sont immédiatement livrés les commerçants des villes du nord mauritanien. Ces derniers, voulant anticiper l’augmentation des prix, ont fait disparaitre de leurs étals tous les produits «importés» de Tindouf en attendant la nouvelle tarification qui boosterait leurs bénéfices.
De même, la campagne électorale (du 17 au 31 août dernier) et les élections législatives, régionales et municipales (les 1er et 15 septembre dernier) ont également pesé dans ce report. Le maire sortant de la ville minière de Zouerate était candidat à la députation et promis d’avance à la présidence de la future Assemblée nationale, ce qui empêchait tout renchérissement des denrées alimentaires durant cette période sensible. Ironie du sort, c’est quelques heures seulement après la désignation au perchoir de cet ancien colonel à la retraite, ami intime du président mauritanien, que l’entrée en vigueur de la taxation des produits en provenance de l’Algérie a été avalisée, le lundi 8 octobre, à Nouakchott même.
Lire aussi : Algérie-Mauritanie: le nouveau «poste frontalier» de Tindouf loin de pouvoir concurrencer Guerguerate
Selon le site régional mauritanien zouerateinfo, cette décision a été officiellement notifiée à tous les importateurs de produits en provenance d’Algérie, les informant qu’elle prendra effet à partir du 9 octobre. Le média s’attend à une flambée, de l’ordre de 48%, des prix des produits alimentaires importés illégalement: pâtes alimentaires, farines, riz, thé, sucre, huiles de table...
Rappelons que cette zone était devenue, ces dernières décennies, quasiment dépendante des produits alimentaires en provenance de Tindouf. Or les «exportateurs» de ces produits ne sont autres que les dirigeants du Polisario et des militaires algériens, qui détournent massivement l’aide internationale destinée aux Sahraouis des camps de Tindouf, vendue dans sa majeure partie aux commerçants mauritaniens. On comprend dès lors pourquoi l’Algérie et le Polisario prennent régulièrement le soin de gonfler démesurément le nombre des Sahraouis réfugiés à Tindouf: pour accroître quantitativement l’aide internationale en vue de fructifier leur fonds de commerce. Or, avec la nouvelle décision des autorités mauritaniennes, qui vise à harmoniser les droits de douane sur toute l’étendue du territoire et à protéger les importateurs légaux du pays, deux hypothèses se présentent.
Primo, le Polisario ira chercher de nouveaux débouchés pour son trafic au niveau d’autres pays du Sahel, ce qui risque de faire chômer le passage frontalier mauritano-algérien.
Secundo, il revoit à la baisse les prix des matières écoulées vers la Mauritanie, ce qui va réduire drastiquement son «business», même si sa marchandise a été acquise gratis, sous forme de mendicité internationale. A moins, qu’en plus de cette hypothèse de la baisse des prix, le Polisario ne choisisse de booster quantitativement son export en puisant dans le stock des rations alimentaires quotidiennes et individuelles des habitants des camps. Mais là, ce sera la famine garantie à Rabouni... Et des émeutes en perspective.