Dans un courrier envoyé aux salariés et publié sur le site du groupe, son PDG Mark Zuckerberg a ainsi annoncé mardi la suppression de 10.000 postes, ainsi que la disparition de 5.000 postes actuellement non occupés et pour lesquels il n’y aura finalement pas de recrutement.
Cette nouvelle vague intervient après une annonce similaire début novembre, qui avait affecté 11.000 salariés du groupe, soit une baisse totale de 24% des effectifs du géant de Menlo Park (Californie).
C’est une première pour une entreprise qui n’avait jusqu’ici jamais lancé de plan social en 20 ans d’existence.
La liste des postes concernés sera dévoilée fin avril et la restructuration sera lancée d’ici la fin de l’année, pour un coût global estimé entre trois et cinq milliards de dollars, selon les documents déposés auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC, le gendarme de la Bourse américaine) que l’AFP a pu consulter.
Cette réduction d’effectif devrait permettre à Meta de réduire ses dépenses de trois milliards de dollars dès 2023.
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«La première vague de licenciement a permis à Meta de faire face aux dommages provoqués par la concurrence féroce (entre réseaux sociaux, NDLR) pour capter des utilisateurs et de la publicité. Cette nouvelle annonce devrait être bien accueillie par les investisseurs, qui souhaitent voir Meta se reconcentrer sur son cœur d’activité», estime Jasmine Enberg, analyste pour Insider Intelligence.
Le titre progressait de 6% à 15H50 GMT à la Bourse de New York, à 191,75 dollars.
Pour Mark Zuckerberg, la décision est justifiée par la nécessité de «faire (de Meta) une meilleure entreprise technologique» et «d’améliorer nos performances financières dans un environnement difficile, afin que nous puissions mener à bien notre vision de long terme».
Le co-fondateur de Facebook, qui incarne à lui seul le réseau social, a repris le terme utilisé lors de la présentation des résultats annuels, début février, à savoir que 2023 doit être « l’année de l’efficacité » pour Meta.
«Meta a conscience qu’il faut revoir à la baisse ses ambitions dans le métavers, très coûteuses,et se reconcentrer sur l’amélioration de ses activités centrales, en particulier face aux menaces qui apparaissent, comme l’intelligence artificielle», a ajouté Enberg.
Le groupe a toujours des difficultés à valoriser les immenses investissements réalisés dans le métavers, présenté par Zuckerberg comme l’avenir d’internet.
Un secteur en souffrance
Symbole de ces difficultés, Meta a réduit fortement le prix de ses casques de réalité virtuelle début mars.
Outre les suppressions de postes, l’entreprise va ralentir le rythme de ses embauches, a ajouté Mark Zuckerberg, qui prévoit également d’ »annuler des projets non prioritaires ».
Le groupe avait déjà annoncé le gel des embauches jusqu’à fin mars 2023. Il assure désormais que les recrutements, ainsi que les transferts au sein du groupe, reprendront à l’issue de la restructuration.
Après avoir affiché une croissance insolente depuis sa création, Facebook, devenu Meta fin 2021, souffre, depuis l’an dernier, du ralentissement de la publicité en ligne.
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Le mouvement est accentué par la modification du système d’exploitation de l’iPhone, qui ne permet plus à la plateforme de recueillir autant de données qu’auparavant sur ses utilisateurs.
Par ailleurs, Facebook et Instagram sont soumis à une concurrence de plus en plus forte, en particulier venue de la plateforme vidéo TikTok, qui rogne sur ses parts de marché.
Mais le groupe tente également de trouver de nouvelles opportunités de croissance, comme le développement potentiel annoncé vendredi d’un nouveau réseau social qui se placerait en concurrent de Twitter, en espérant profiter des difficultés de l’oiseau bleu.
En sus, Meta pâtit, comme toute l’industrie technologique, de la hausse des taux d’intérêt, qui pénalise un secteur très gourmand en cash pour financer son développement.
En 2022, le chiffre d’affaires de Meta s’est contracté de 1%, à 116,6 milliards de dollars.