Ces bombardements surviennent dans un contexte de tensions régionales exacerbées depuis un an par la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas palestinien, et son débordement au Liban voisin, où l’armée israélienne affronte le Hezbollah.
Téhéran a lancé le 1er octobre quelque 200 missiles sur Israël, incluant pour la première fois plusieurs missiles hypersoniques. Israël avait juré de riposter. Ses avions militaires «ont frappé des sites de fabrication de missiles (...). Ces missiles étaient une menace directe et immédiate pour les citoyens d’Israël», a indiqué l’armée israélienne dans un communiqué.
Les frappes ont aussi visé des batteries de missiles sol-air et d’autres systèmes aériens qui avaient pour but de «restreindre la liberté d’Israël d’opérer en Iran», a-t-elle expliqué, en précisant que ces raids avaient pris fin.
«Fortes détonations»
Les premières détonations ont retenti vers 02H15 locales (22H45 GMT vendredi), principalement à l’ouest de Téhéran, selon l’agence de presse officielle Irna. Israël «a attaqué des centres militaires dans les provinces de Téhéran et celles du Khouzestan (sud-ouest) et d’Ilam (ouest)», limitrophes de l’Irak, ont indiqué dans un communiqué les forces de défenses aériennes iraniennes, précisant que l’attaque avait causé «à certains endroits des dégâts limités».
La télévision d’État iranienne avait fait état dans la nuit de «six fortes détonations» autour de la capitale iranienne, «liées à l’activation du système de défense aérienne». Après celles-ci, des détonations continues accompagnées de traînées lumineuses ont été entendues et vues depuis le centre de la capitale iranienne.
«Aucun incendie ou explosion» n’a été signalé à la principale raffinerie de Téhéran, a précisé l’agence de presse locale Tasnim. Après une brève suspension, le porte-parole de l’Organisation de l’aviation civile iranienne a annoncé, selon l’agence Irna, la reprise des vols dans son espace aérien en cette matinée de samedi.
À Washington, la Maison Blanche a qualifié ces frappes de «manœuvres d’autodéfense» et a somme Téhéran de «cesser ses attaques contre Israël afin que ce cycle de combats puisse se terminer sans nouvelle escalade.»
Citant des sources israéliennes, le site d’information américain Axios a révélé qu’Israël a envoyé un message à l’Iran avant ses frappes aériennes, l’avertissant de ne pas répondre. «Le message israélien visait à limiter les échanges d’attaques entre Israël et l’Iran et à empêcher une escalade plus importante», ont déclaré lesdites sources.
Dans le même temps, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, s’est livré à une intense campagne diplomatique, visitant en deux semaines tous les pays du Moyen-Orient. «Nous ne voulons pas la guerre, nous voulons la paix», a plusieurs fois insisté M. Araghchi, assurant cependant que l’Iran était «totalement prêt à faire face à une situation de guerre».
En avril, Téhéran avait déjà tiré des missiles et des drones contre Israël, lors d’une opération sans précédent après un attentat meurtrier contre son consulat en Syrie, imputé à l’armée israélienne. Des détonations dans le centre de l’Iran avaient par la suite été rapportées, de hauts responsables américains évoquant alors dans des médias une riposte israélienne. Israël n’a pour sa part jamais revendiqué d’attaque. L’Iran avait de son côté minimisé ces détonations dont l’origine n’a jamais été clairement expliquée.
Frappe israélienne en Syrie
En Syrie, l’agence de presse étatique a annoncé qu’Israël avait mené une attaque aérienne depuis le Golan occupé et l’espace aérien du Liban voisin contre des «positions militaires» sur son territoire dans la nuit. «Notre défense anti-aérienne a confronté les missiles et en a abattu un certain nombre», a précisé cette source.
«La défense anti-aérienne a été activée» dans plusieurs régions, notamment à Homs (centre), à Damas et ses environs, pour «viser les avions israéliens qui traversaient l’espace aérien de la Syrie», a déclaré à l’AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’OSDH (Observatoire syrien des droits de l’Homme), une ONG qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie.
L’Irak a annoncé pour sa part la suspension du trafic dans tous ses aéroports jusqu’à nouvel ordre en raison des «tensions régionales». Les factions de la «Résistance islamique en Irak», nébuleuse de groupes armés irakiens alliés de Téhéran, ont revendiqué ce samedi à l’aube une attaque de drone contre une «cible militaire» dans le nord d’Israël, après l’annonce des frappes israéliennes sur l’Iran.