Le 13 mars dernier, Mathias Vicherat annonçait sa démission de ses fonctions de directeur de l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris et d’administrateur de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP). Une décision prise «afin de préserver l’institution», expliquait-il dans un communiqué, suite à l’annonce de son renvoi, ainsi que celui de son ex-compagne Anissa Bonnefont, devant le tribunal correctionnel pour une affaire de violences conjugales.
Mais près de deux mois après cette démission, aucun successeur n’a encore été désigné, et Jean-Bassères occupe toujours, depuis le 26 mars, le poste d’administrateur provisoire. Bien que diplômé de l’établissement, cet ancien directeur général de Pôle emploi a toutefois déjà annoncé ne pas se porter candidat à la direction de Sciences Po.
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Dans un article publié le 3 mai, Le Figaro révèle toutefois qu’une «liste de noms» aurait été établie suite à une première réunion entre le conseil d’administration et le conseil de l’institut d’études politiques, le 18 avril dernier.
Si l’ouverture d’un appel à candidatures est annoncée entre le 2 mai et le 30 juin prochain en prévision d’une nomination à partir de mi-septembre, les quelques noms qui figurent dans cette liste de candidats pressentis font déjà couler beaucoup d’encre.
Une «short list» de candidats qui ne fait pas l’unanimité
Parmi ces noms, un en particulier retient l’attention, celui de Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l’Éducation nationale sous François Hollande. Diplômée de Sciences Po Paris, celle-ci, révèle Le Figaro, «préfère ne pas se prononcer sur cette éventuelle candidature». La possibilité d’une candidature de l’ancienne ministre des droits des femmes n’en demeure pas moins tout à fait plausible, celle-ci ayant par ailleurs créé à Sciences Po Paris un programme de formation consacré aux politiques publiques en matière d’égalité femmes-hommes, qu’elle codirige avec l’économiste Hélène Périvier depuis 2018.
Son silence contraste avec la position des autres candidats potentiels, à l’instar de Rima Abdul Malak, ancienne ministre de la Culture, qui, contactée par le média, «dément formellement briguer ce poste». Quant à Aurélien Rousseau, dont le nom circule aussi, l’ancien ministre de la Santé explique quant à lui «attendre de connaître le profil recherché».
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Enfin, face à Najat Vallaud-Belkacem, figure aussi dans cette liste de noms celui d’Enrico Letta, ancien président du Conseil des ministres italien et secrétaire du parti démocrate jusqu’en 2023, qui a dirigé pendant six ans l’École des affaires internationales de l’IEP et préside aujourd’hui l’Institut Jacques Delors.
La question palestinienne, un critère de recrutement?
L’éventualité d’une direction assurée par Najat Vallaud-Belkacem ne semble pas faire l’unanimité au sein du corps professoral de l’institut d’après le Figaro, qui estime que «la possibilité de voir nommer cette figure médiatique de la gauche à l’heure où l’institution fait face à des manifestations pro-palestiniennes émaillées d’incidents antisémites interroge en interne».
À ce sujet, l’ancienne ministre de l’Éducation a révélé sa position en partageant sur son compte X une lettre adressée par Fariba Adelkhakh aux étudiants en grève de la faim, en soutien à la cause palestinienne. «Merci pour ces mots. Ils crèvent l’écran de folie qui semble avoir recouvert notre monde», écrit l’ancienne ministre en partageant la lettre de la chercheuse franco-iranienne à Sciences Po, retenue en Iran depuis 2019, et condamnée en 2020 pour atteinte à la sécurité nationale avant de pouvoir rentrer en France en octobre 2023.
Dans cet appel aux étudiants lancé par la chercheuse iranienne, celle-ci affirme haut et fort: «Votre combat est le mien. Votre combat est le nôtre, chercheurs», avant de les appeler à «interrompre (leur) grève de la faim pour lui substituer d’autres formes de luttes.»
Et de préciser, «votre engagement admirable ne doit pas s’effectuer au détriment de votre santé, de vos études, de celles et de ceux qui vous aiment». Enfin, poursuit-elle, «la paix, la justice, la reconnaissance politique des droits du peuple palestinien ont besoin de vos forces, pas de votre sacrifice». Et d’appeler l’administrateur provisoire de Sciences Po, ainsi que le gouvernement français à renoncer à «toute action policière que ne justifierait pas la mise en danger des personnes ou des biens».