Dans une campagne à multiples rebondissements et au niveau de suspens inédit, ce sera la dernière grande fenêtre médiatique avant la très attendue échéance de dimanche, notamment pour les quatre en position d'accéder au second tour au vu des intentions de vote: Emmanuel Macron (centre), Marine Le Pen (extrême droite), et un peu derrière dans les sondages, François Fillon (droite) et Jean-Luc Mélenchon (extrême gauche), qui ont réduit l'écart dans la dernière ligne droite.
Donnée qualifiée au second tour du scrutin par toutes les enquêtes d'opinion depuis des mois, Marine Le Pen, candidate anti-immigration et anti-euro, connaît ces derniers jours un tassement dans les sondages, comme l'autre favori, le centriste pro-européen Emmanuel Macron - tous deux autour de 23% des intentions de vote.
Le conservateur François Fillon, longtemps plombé par ses ennuis judiciaires - il a été inculpé notamment pour détournement de fonds publics, une première pour un candidat majeur à la présidentielle -, et le champion de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon les talonnent de près (presque à 20%).
Mme Le Pen est néanmoins donnée battue au second tour par toutes les enquêtes, qu'elle soit opposée à MM. Macron, Fillon ou Mélenchon.
Le sprint final sera d'autant plus serré que ces résultats de sondages de premier tour se situent dans la marge d'erreur, que l'abstention risque d'être élevée et que près de 30% des électeurs affirment ne toujours pas savoir pour qui voter dimanche.Des intellectuels et artistes américains, dont le philosophe engagé Noam Chomsky, ont lancé mercredi une pétition titrée "France: s'il te plaît, ne réédite pas la tragédie Clinton vs Trump", pour appeler les électeurs français à s'unir derrière M. Mélenchon.
L'émission débute jeudi à 20H00 (18H00 GMT) sur la chaîne publique France 2. A la fin, les candidats à la présidentielle se retrouveront toutefois tous ensemble, vers 22H45 (20H45 GMT), pour une conclusion de 2 minutes 30 chacun, toujours en direct. Mais là non plus, pas de débat possible dans ce format inédit, objet de nombreuses tractations entre France 2 et les équipes des candidats.
"Le débat, c'est formidable, c'est les “punchlines”, les petites phrases, les postures", mais "trois jours avant le scrutin, ce n'est pas de ça dont les citoyens ont besoin", a défendu le directeur de l'information du groupe France Télévisions, Michel Field. "On ne va pas aller vers la politique spectacle" mais "une forme sérieuse, cadrée, statutaire", a-t-il affirmé.
Thèmes au menu: pouvoir d'achat, chômage, international, Europe... et "une ou deux questions de précision du programme". Chaque candidat aura également "une carte blanche" sur la thématique de son choix.
L'incertitude a longtemps plané sur l'émission politique de France 2, qui suit un premier débat sur TF1 avec les cinq mieux placés dans les sondages, le 20 mars, et un deuxième, le 4 avril sur BFM TV et CNews, avec tous les candidats.
Trois émissions télévisées inédites dans l'histoire électorale française, qui se contentait depuis 1974 d'un débat avant le second tour, qui doit avoir lieu cette année le 3 mai.
Vu ce timing et le degré d'incertitude si près du scrutin, l'enjeu de l'émission, également diffusée sur la radio France Inter et à la télévision par TV5 Monde et franceinfo, s'annonce considérable.
"Avec au moins entre 20 à 25% d'indécis parmi les gens certains d'aller voter, ces trois derniers jours sont +le+ moment de cristallisation pour près de 10 millions d'électeurs. Même s'il ne s'agit pas d'un débat, la moindre émission compte", en pleine "bataille du vote utile" à gauche entre Mélenchon et Macron, relève Chloé Morin, directrice de l'observatoire de l'opinion de la Fondation Jean-Jaurès.