Après 14 ans d’un règne conservateur au Royaume-Uni, marqué par une succession de crises ces dernières années -Brexit, inflation, valse des Premiers ministres-, les travaillistes opèrent un retour triomphal au pouvoir après leur victoire écrasante aux élections législatives anticipées du jeudi 4 juillet.
Keir Starmer, le chef du Labour, a promis d’incarner le «changement» et «un renouveau national» attendu par les électeurs une fois à Downing Street. Son actuel locataire, Rishi Sunak, a reconnu la défaite de son camp sans attendre les résultats des 650 circonscriptions en jeu, assumant la responsabilité d’un échec qui apparaît d’ores et déjà historique.
Ce vendredi matin, le leader des travaillistes, ancien avocat spécialiste des droits humains de 61 ans a été chargé par le roi Charles III de former un gouvernement. C’est donc un dirigeant de centre-gauche qui va entrer dans la foulée au 10, Downing Street, promettant changement et renouveau. «Je ne vous promets pas que ce sera facile. Il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour changer un pays. Cela demande un travail difficile, un travail patient, un travail déterminé», a-t-il déclaré.
Les résultats qui tombent ce vendredi confirment l’ampleur du succès pour le Labour et la défaite historique des conservateurs, annoncés depuis des mois par les sondages. Vers 06H30 GMT, le Labour s’était d’ores et déjà assuré au moins 410 sièges, soit plus que les 326 nécessaires pour obtenir la majorité absolue à la Chambre des Communes et pouvoir gouverner seul.
Un Parlement bouleversé
Selon les derniers résultats compilés par la BBC, le parti conservateur ressort, lui, désavoué avec ce qui s’annonce comme son pire résultat depuis le début du 20ème siècle: 119 députés élus, contre 365 il y a cinq ans.
Plusieurs de ses poids lourds ont été emportés par la vague de rejet qu’il a suscitée, comme le ministre de la Défense Grant Shapps, l’ancienne Première ministre Liz Truss ou la ministre des relations avec le Parlement, Penny Mordaunt, qui était considérée comme une possible future cheffe de parti.
Dans ce parlement bouleversé, les libéraux-démocrates (centristes) vont eux redevenir la troisième force en présence, avec 66 députés selon les projections, alors le parti populiste et anti-immigration Reform UK fait son entrée avec quatre sièges. Après sept échecs, son chef Nigel Farage, ancien héraut du Brexit et figure de la droite dure va enfin devenir député.
«Choix difficiles»
Durant la campagne, Keir Starmer, entré en politique il y a seulement neuf ans, a promis le retour de la «stabilité» et du «sérieux», avec une gestion des dépenses publiques très rigoureuse. Peu charismatique, il promet de transformer le pays comme il a redressé, sans état d’âme, le Labour après avoir succédé au très à gauche Jeremy Corbyn en 2020, le recentrant sur le plan économique.
Il assure vouloir relancer la croissance, redresser les services publics, renforcer les droits des travailleurs, réduire l’immigration et rapprocher le Royaume-Uni de l’Union européenne… sans revenir sur le Brexit, sujet tabou de la campagne. Mais le futur gouvernement devra faire «des choix difficiles» face à «l’ampleur du défi», a toutefois prévenu Rachel Reeves, amené à devenir ministre des Finances, une première pour une femme au Royaume-Uni.
Au pouvoir, le Labour devra répondre à une aspiration considérable au changement. Le Brexit a déchiré le pays et n’a pas rempli, loin s’en faut, les promesses de ses partisans. L’envolée des prix des deux dernières années a appauvri les familles, plus nombreuses que jamais à dépendre des banques alimentaires, et il faut attendre parfois des mois pour des rendez-vous médicaux dans le service public NHS.