Les députés russes ont adopté le mardi 30 juillet un projet de loi ouvrant la voie à l’usage de cryptomonnaies comme moyen de paiement international pour contourner les sanctions occidentales, tout en encadrant strictement leur fabrication.
La Russie a été coupée par les Occidentaux de pans entiers des réseaux de paiements internationaux, en réponse à son offensive contre l’Ukraine en février 2022. La nouvelle législation adoptée mardi doit permettre à la Banque centrale russe de créer un projet pilote pour développer l’usage de cryptomonnaies lors de transactions transfrontalières, ce qui n’était pas autorisé jusqu’à présent.
Moscou espère que ces transactions en cryptomonnaies, plus difficiles à tracer par les régulateurs occidentaux, lui permettront d’acheter plus facilement des marchandises sanctionnées sur le marché international.
Le texte adopté par la chambre basse du Parlement doit désormais être approuvé par la chambre haute puis signé par le président Vladimir Poutine, ce qui est devrait n’être qu’une formalité. La législation doit aussi encadrer la fabrication, en Russie, de cryptomonnaies.
La Russie, grand producteur mondial en termes de «minage»
Le texte prévoit que désormais seules des entreprises inscrites dans un registre spécial tenu par les autorités auront le droit de produire massivement des cryptomonnaies. Il imposera aussi aux producteurs de cryptomonnaies de fournir à l’Etat des informations sur leurs transactions et permettra au gouvernement d’interdire leur fabrication dans certains endroits en cas de pression trop forte sur le réseau d’électricité local.
La Russie, qui dispose d’une énergie abondante et bon marché, est l’un des principaux producteurs mondiaux, avec les États-Unis et le Kazakhstan, en termes de «minage», une opération qui consiste à réaliser une longue série de calculs entraînant la production d’une unité de cryptomonnaie. Ces calculs nécessitent une importante puissance informatique et donc une colossale quantité d’énergie.
En juillet, le président Vladimir Poutine avait ainsi critiqué «la croissance incontrôlée» de la consommation en électricité nécessaire pour le «minage». Cela étant, il avait dit vouloir «introduire à grande échelle» dans l’économie le rouble numérique, après plusieurs mois de tests.
Cette monnaie numérique, émise directement par la Banque centrale russe (BCR), est vue par les observateurs comme une des alternatives pour Moscou au système de paiement mondial Swift, dont ses banques ont été bannies depuis le début de la guerre en Ukraine.