Vendredi 8 janvier, le Polisario en était à son 57e communiqué quotidien sur sa guerre imaginaire au Sahara, émaillée d’exploits militaires fictifs auxquels lui-même est le premier à ne pas croire. Cela n’a pas empêché l’Agence de presse algérienne, APS, de relayer quotidiennement ce qu’elle savait parfaitement être des fake news.
Cependant, depuis quasiment une semaine, ces communiqués mensongers, qui portent chaque jour un numéro différent, ont subitement disparu du fil quotidien des dépêches de l’APS. En effet, la dernière fois que l’agence algérienne a relayé un communiqué «militaire» du Polisario remonte au «communiqué n° 52», daté du dimanche 3 janvier.
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Il est évident qu’à trop mentir, surtout en ressassant le même contenu dans des communiqués où seuls le numéro et la date changent, la lassitude finit par prendre le dessus. Sans parler du ridicule dont on fait montre, à la fois vis-à-vis de ses abonnés et des agences de presse internationales.
En tout cas, à part l’APS, aucun autre média algérien n’a jamais vraiment jugé utile de parler, sans oser pour autant les démentir, des communiqués de guerre du Polisario. Fin décembre dernier, la télévision publique algérienne, ENTV, s’est essayée à un exercice de propagande médiatique auprès du Polisario. Mais après un reportage bidonné sur cette guerre inexistante, elle a fini par jeter rapidement l’éponge sur ce dossier pour ne pas se ridiculiser davantage. D’ailleurs, même le directeur de la TV du Polisario avait catégoriquement refusé de diffuser des vidéos montées de toutes pièces par les services de la propagande algérienne, exigeant plutôt d’envoyer ses propres équipes et caméras pour «montrer» cette guerre, au cas où elle existerait.
Le Polisario s’est aussi plaint que les médias internationaux ont imposé un black-out total sur ce qu’il appelle la «reprise de la guerre au Sahara». Il leur reproche de ne jamais se déplacer sur place pour montrer au monde «ses exploits».
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Au niveau régional, certains médias mauritaniens, qui recevaient les communiqués du Polisario, ont rapidement découvert l’entourloupe. Après deux jours de diffusion, ils ont fini par les ignorer définitivement, d'autant que plusieurs journalistes locaux se sont rendus dans la zone attenante à El Guerguerat, où ils ont constaté de visu un calme total, alors que le Polisario y prétendait de «violents bombardements» quotidiens.
Comment expliquer alors cette attitude de l’APS qui a fait l’impasse depuis une semaine sur les communiqués de la fausse guerre du Polisario, alors qu’elle les a relayés, laborieusement, pendant 53 jours?
S’il est évident qu’elle est révélatrice d’une certaine lassitude vis-à-vis d’un flagrant usage du faux qui n’a servi qu’à lui attirer la risée du monde entier, il pourrait également s’agir d’une lassitude à l’égard du Polisario lui-même, une carte désormais clairement perdante aux yeux du régime algérien qui accumule échec sur échec.
Le pouvoir en Algérie, incarné par une armée épuisée, dévitalisée, par les guerres interminables que sont livrés ses généraux, est tellement aveuglé par sa propension à se maintenir au pouvoir par tous les moyens, qu’il a officialisé la propagande mensongère, érigée en doctrine d’Etat. L’un des grands artisans de la propagande des fake news, le général Mohamed Bouzit, dit «Youssef», chef de Direction générale de la Documentation et de la Sécurité extérieure (DGDSE), a été démis de ses fonctions et remplacé par un général qui était à la retraite: «Mahfoud». L’interruption de la mise en ligne par l’APS des communiqués de guerre du Polisario a coïncidé avec la mise à l’écart du patron du renseignement algérien extérieur.
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Le licenciement du général Bouzit n’a pas été officialisé par la présidence algérienne ou le ministère de la Défense, pas plus que la nomination de son successeur. Le régime du voisin de l’est impute aux centres de commandements ses interminables échecs et la crise multiforme que traverse le pays. Pourtant, ce n’est pas en rappelant des octogénaires que le pays va se redresser. Il est urgent pour le salut de ce pays de faire appel à du sang neuf. La crise que traverse l’Algérie est justement due à trois archétypes qui déterminent les grilles de lecture des gérontocrates qui dirigent ce pays: la guerre froide, la lutte contre le colonialisme et le complotisme.