Séisme: des opérations de secours en Birmanie et en Thaïlande, des répliques à Mandalay

Des secouristes recherchent des survivants coincés dans l'immeuble Sky Villa Condominium effondré à Mandalay le 29 mars 2025

Des secouristes recherchent des survivants coincés dans l'immeuble Sky Villa Condominium effondré à Mandalay le 29 mars 2025. AFP or licensors

Les secours tentent dimanche, deux jours après le violent séisme qui a fait plus de 1.600 morts en Birmanie et endeuillé la Thaïlande, de rechercher des survivants dans les montagnes de destructions et de venir en aide aux sinistrés malgré une pénurie de matériel médical.

Le 30/03/2025 à 07h59

Malgré l’arrivée progressive de l’aide internationale, les experts craignent que le bilan humain soit encore revu à la hausse en Birmanie, où une grande partie de la population vit le long de la faille de Sagaing, point de rencontre des plaques indienne et eurasienne. D’autant que le conflit civil qui dure depuis le coup d’Etat de 2021 a décimé le système de santé, exposant le pays à une crise d’ampleur.

Survenu vendredi en milieu de journée (heure locale), le tremblement de terre de magnitude 7,7, peu profond - ce qui a augmenté son impact - a été suivi quelques minutes après par une secousse de magnitude 6,7. Depuis, des répliques restent perceptibles, ressenties encore dimanche matin, aggravant la détresse des habitants.

Le tremblement de terre, le plus puissant qu’ait connu la Birmanie en plusieurs décennies, a été ressenti jusqu’à Bangkok, la capitale thaïlandaise, où une tour de 30 étages en chantier s’est effondrée comme un château de cartes. Les autorités locales ont annoncé onze morts, mais environ 80 ouvriers resteraient coincés dans les décombres, et les chances de les sortir vivants s’amenuisent heure après heure.

À Mandalay, la deuxième ville de Birmanie, proche de l’épicentre, le séisme a provoqué l’effondrement d’immeubles d’habitation et de ponts, ou crevassé les routes.

Dimanche au petit matin, Win Lwin s’est frayé un chemin parmi les gravats d’un restaurant détruit, écartant les briques une par une. «Au moins sept personnes sont mortes ici», assure ce propriétaire d’un salon de thé.

«Je suis à la recherche d’autres corps, mais je sais qu’il ne peut pas y avoir de survivants», poursuit-il. «Nous ne savons pas combien de corps il peut y avoir, mais nous cherchons.»

Cessez-le-feu partiel

Une réplique a frappé Mandalay vers 07H30 (01H00 GMT), poussant des occupant de la réception d’un hôtel à se précipiter vers la sortie, ont constaté des journalistes de l’AFP. Une similaire secousse a secoué la ville samedi soir.

Ailleurs dans la ville, les secours s’organisent pour aider les victimes et rechercher des survivants.

La junte a fait état, samedi soir, de 1.644 morts, 3.408 blessés, et au moins 139 disparus. Mais l’ampleur de la catastrophe reste toujours difficile à évaluer avec précision, dans ce pays isolé et fracturé, où les généraux combattent des dizaines de groupes armés dans plusieurs régions.

Il existe une probabilité de 35% que le bilan des victimes se situe dans une fourchette de 10.000 à 100.000 personnes, selon le modèle de prévision de l’Institut géologique américain (USGS).

Des combattants anti-junte ont déclaré samedi un cessez-le-feu partiel de deux semaines à partir de dimanche, a annoncé le Gouvernement d’unité nationale (NUG), un organe d’opposition fondé par d’anciens députés du parti pro-démocratie d’Aung San Suu Kyi pour beaucoup en exil, et reconnu par aucun pays.

Les agences internationales ont prévenu que la Birmanie, en proie à des crises de toutes sortes, n’avait pas les moyens d’affronter une catastrophe de cette taille.

Les Nations unies ont déclaré dans la nuit qu’un manque cruel d’équipement médical entravait la réponse de la Birmanie au tremblement de terre.

Avant le séisme, les Nations unies ont estimé que quinze millions de Birmans, soit environ un tiers de la population, seraient concernés par le risque de famine en 2025.

Aide internationale

Une «grave pénurie» de fournitures médicales impacte l’assistance déployée sur place, a averti samedi l’ONU, soulignant que les secouristes manquaient notamment de «kits de traumatologie», de poches de sang, de produits anesthésiques et de certains médicaments essentiels. Les opérations de secours sont en outre compliquées par les dégâts subis par les hôpitaux et autres infrastructures sanitaires, ainsi que par les routes et les réseaux de communication.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué qu’elle avait envoyé en urgence près de 3 tonnes de fournitures médicales vers les hôpitaux de Mandalay et de Naypyidaw où sont pris en charge des milliers de blessés.

Des pays de la région ont aussi prêté main forte. La Chine a déclaré avoir envoyé 82 sauveteurs et s’est engagée à fournir 13,8 millions de dollars d’aide humanitaire d’urgence. Un avion chargé de kits d’hygiène, de couvertures, de nourriture et d’autres produits de première nécessité a atterri samedi à Rangoun, en provenance d’Inde. La Corée du Sud, les Etats-Unis et l’Union européenne, notamment, ont aussi annoncé un geste.

À près de 1.000 kilomètres de Mandalay, à Bangkok, des secours espèrent toujours extraire vivant des ouvriers du site de la tour de 30 étages en construction qui s’est effondrée sous l’effet du séisme.

L’opération a mobilisé de grosses pelleteuses mécaniques, des chiens renifleurs et des drones à imagerie thermique pour repérer des signes de vie.

La secousse, extrêmement rare à Bangkok, a également provoqué des fissures et fragilisé la structure de nombreux bâtiments. Les autorités locales ont annoncé le déploiement de spécialistes pour réparer 165 immeubles dimanche.

Au moins 17 personnes ont été tuées dans la capitale thaïlandaise, ont annoncé dimanche les autorités municipales, tandis que 32 autres ont été blessées et 83 sont toujours portées disparues.

La plupart des morts sont des ouvriers tués dans l’effondrement de l’immeuble de construction dans le quartier central de Chatuchak.

Les ouvriers présents sur le site ont utilisé de grosses pelleteuses mécaniques pour tenter de retrouver les personnes encore piégées dans les décombres, dimanche matin.

Le jour même, le royaume a déclaré avoir envoyé 55 militaires et six chiens de sauvetage à sa voisine la Birmanie, ainsi que du matériel, notamment des grues et des excavateurs.

Par Le360 (avec AFP)
Le 30/03/2025 à 07h59

Bienvenue dans l’espace commentaire

Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.

Lire notre charte

VOS RÉACTIONS

0/800