Tunisie: l’ex-président Moncef Marzouki condamné par contumace à huit ans de prison

L'ancien président tunisien Moncef Marzouki.

L’ancien président tunisien Moncef Marzouki, critique virulent du chef de l’État actuel Kaïs Saïed, a été condamné par contumace à huit ans de prison, ont indiqué vendredi soir des médias locaux. Il a été reconnu coupable par le Tribunal de première instance de Tunis d’avoir tenté de «changer la forme du gouvernement» et de «provoquer le désordre et le pillage» dans le pays.

Le 24/02/2024 à 10h19

L’ex-président tunisien Moncef Marzouki, critique de Kaïs Saïed, actuel chef de l’État, a été condamné par contumace à huit ans de prison ferme pour tentative de «provoquer le désordre» dans le pays, ont indiqué dans la soirée du vendredi 23 février des médias locaux. Ce verdict a été prononcé par la chambre pénale du Tribunal de première instance de Tunis, selon ces sources.

Vivant en France, Moncef Marzouki, 78 ans, opposant historique à Ben Ali et premier président élu démocratiquement en Tunisie après la Révolution (2011-2014), est poursuivi dans cette affaire après des déclarations publiées sur les réseaux sociaux, selon des médias locaux.

Il a été reconnu coupable en première instance d’avoir tenté de «changer la forme du gouvernement», d’«inciter les gens à s’armer les uns contre les autres» et de «provoquer le désordre et le pillage» dans le pays, a indiqué la radio privée Mosaïque FM citant une source judiciaire.

Fin 2021, M. Marzouki avait déjà été condamné à quatre ans de prison pour «atteinte à la sûreté de l’État à l’étranger» après avoir, lors d’une manifestation à Paris, appelé le gouvernement français à «rejeter tout soutien» au président Saïed, qu’il avait accusé d’avoir «comploté contre la Révolution».

Il fait aussi l’objet depuis novembre 2021 d’un mandat d’amener international émis par un juge tunisien peu après que Kaïs Saïed avait demandé d’enquêter sur divers propos de M. Marzouki, décrit comme un «ennemi de la Tunisie» et de lui retirer son passeport diplomatique.

Après le coup de force du président Saïed en juillet 2021, par lequel il s’est octroyé tous les pouvoirs, Moncef Marzouki a multiplié les interventions sur les chaînes de télévision et les réseaux sociaux pour appeler à la destitution d’un homme qu’il qualifie de «putschiste» et «dictateur».

Depuis l’arrivée au pouvoir de Kaïs Saïed, de nombreuses personnalités politiques, du monde des affaires et de la société civile ont été condamnées à des peines de prison. La plupart des chefs de l’opposition ont été arrêtés depuis l’année dernière, notamment Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste Ennahda (condamné à 15 mois d’emprisonnement puis récemment à trois ans supplémentaires), et Abir Moussi, le leader de la Libre Constitution.

L’année dernière, les autorités ont également arrêté des personnalités de l’opposition, Jawher Ben Mbarek, Khayam Turki, Ghazi Chaouachi, Issam Chabbi, Abdelhamid Jalasi et Ridha Belhaj, dans le cadre d’une opération les accusant de «comploter contre la sécurité de l’État».


Par Le360 (avec AFP)
Le 24/02/2024 à 10h19