Au moins 110 personnes ont été arrêtées mardi en Turquie dans le cadre d’une opération «anti-terroriste» visant le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), a rapporté une source policière à l’AFP. L’opération, qui survient à trois semaines d’élections cruciales pour la Turquie, a été menée dans vingt-et-une provinces du pays, dont celle de Diyarbakir (sud-est), à majorité kurde.
Selon la chaîne de télévision publique TRT, la police détient des personnes soupçonnées d’avoir financé le PKK, classé par Ankara et ses alliés occidentaux comme organisation terroriste et interdit dans le pays, ou d’avoir recruté de nouveaux membres.
Des suspects auraient transféré de l’argent au PKK par l’intermédiaire de sociétés opérant depuis des municipalités gérées par le principal parti pro-kurde de Turquie, le Parti démocratique des peuples (HDP), affirme TRT. Le HDP, dont le candidat à la présidentielle de 2018 avait terminé troisième avec 8,4% des suffrages exprimés, est considéré comme l’arbitre du scrutin du 14 mai qui s’annonce particulièrement disputé.
Selon l’Association du barreau de Diyarbakir, «le nombre total d’interpellations pourrait atteindre 150″, dont au moins «une vingtaine d’avocats, cinq journalistes, trois acteurs de théâtre et un politicien», a-t-elle détaillé à l’AFP. Les avocats sont interdits de tout contact avec leurs clients pendant 24 heures, a précisé l’Association.
«Les domiciles de nombreuses personnes, dont des journalistes, des avocats et des dirigeants d’ONG, ont été perquisitionnés aux premières heures de la matinée » affirme pour sa part l’ONG de défense des libertés MLSA.
Les élections présidentielle et législatives qui se tiennent le mois prochain en Turquie seront décisives pour le maintien, ou non, du président Recep Tayip Erdogan et de son parti AKP, au pouvoir depuis deux décennies. L’opposition présente un front uni de six partis qui a désigné un candidat unique à la présidence, Kemal Kiliçdaroglu, auquel le HDP a apporté son soutien.
Le HDP est la troisième force politique du pays et deuxième formation d’opposition au Parlement: son co-président et principale figure, Selahattin Demirtas, est en prison depuis 2016 pour «propagande terroriste». Le HDP est par ailleurs sous le coup d’une menace de fermeture, réclamée en janvier devant la Cour constitutionnelle turque par un procureur qui l’a accusé de d’être lié «de façon organique» au PKK.