Ukraine : au moins 51 morts dans une frappe russe sur la ville de Poltava

L'institut d'enseignement militaire détruit par un tir de missile russe, à Poltava, dans le centre de l'Ukraine, le 3 septembre 2024.

Au moins 51 personnes ont été tuées et 271 blessées mardi dans une frappe de missiles russes sur la ville de Poltava, dans le centre de l’Ukraine.

Le 04/09/2024 à 07h02

Au moins 51 personnes ont été tuées et 271 blessées mardi dans une frappe de missiles russes sur la ville de Poltava, dans le centre de l’Ukraine, qui a partiellement détruit un institut militaire, selon un bilan officiel. En début de soirée, dans son adresse quotidienne sur Internet, le président Volodymyr Zelensky a confirmé que les recherches de survivants se poursuivaient dans les décombres.

Il a déclaré que deux missiles balistiques avaient touché «un établissement d’enseignement et un hôpital voisin» à Poltava. «L’un des bâtiments de l’Institut des communications a été partiellement détruit. Des personnes se sont retrouvées sous les décombres», a-t-il souligné dans un message vidéo, parlant de cet établissement fondé dans les années 1960 et qui forme des spécialistes des télécommunications militaires.

D’après le ministère ukrainien de la Défense, la frappe a eu lieu dans un délai très court après le déclenchement de l’alerte antiaérienne. Les missiles «ont surpris les gens en train d’évacuer vers l’abri souterrain».

«Les tragédies se répètent»

Le président américain Joe Biden a condamné cette frappe «déplorable», assurant que les États-Unis «continueront» de soutenir les Ukrainiens, «notamment en leur fournissant les systèmes de défense aérienne et les capacités dont ils ont besoin pour protéger leur pays».

La frappe a également suscité la colère parmi les blogueurs militaires ukrainiens, qui ont, comme en Russie, une certaine influence du fait de la guerre. D’après certains d’entre eux, l’armée russe avait pour objectif une cérémonie militaire officielle en plein air, soit une grande concentration de soldats, ce qui en a fait une cible facile.

«Poltava... Comment se fait-il qu’un si grand nombre de personnes aient été rassemblées dans un tel établissement?», a interrogé le blogueur Serguiï Naoumovitch, suivi par plus de 135.000 personnes sur Facebook.

La députée Mariana Bezougla, membre de la commission Défense du Parlement et très critique du commandement militaire ukrainien, a regretté sur Telegram qu’aucun officier de haut rang n’ait été puni pour avoir mis en danger des groupes de militaires à l’occasion d’incidents similaires par le passé. «Les tragédies se répètent. Quand cela cessera-t-il?», a-t-elle écrit.

Le ministère de la Défense a assuré pour sa part qu’aucune cérémonie en plein air n’avait lieu au moment du drame. Le président ukrainien a dit avoir ordonné «une enquête complète et rapide» sur les circonstances ayant permis cette attaque russe.

Il a une nouvelle fois appelé les alliés occidentaux de Kiev à livrer d’urgence davantage de systèmes de défense antiaérienne et à autoriser l’Ukraine à pouvoir atteindre en profondeur le territoire russe avec les missiles de longue portée qui lui ont été fournis. Plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis, se refusent jusqu’à présent à donner leur feu vert à de tels bombardements au-delà des régions frontalières de crainte d’une escalade avec Moscou.

La semaine dernière, le commandement de l’armée ukrainienne s’était déjà retrouvé sous pression en raison du crash d’un avion de combat F-16, précieux équipement militaire récemment livré à Kiev après plus de deux ans d’attente, et de la mort de son pilote, formé aux États-Unis.

Le président Zelensky avait alors limogé le commandant de l’armée de l’air, Mykola Olechtchouk. Mardi, il a également limogé par décret son chef-adjoint de cabinet, Rostyslav Shurma. Et plusieurs ministres, dont ceux des Industries stratégiques, de la Justice et de l’Environnement, ont présenté leur démission, prélude à un remaniement gouvernemental après deux ans et demi de guerre.

«Un remaniement majeur du gouvernement peut être attendu cette semaine. Plus de 50% des membres du gouvernement seront remplacés», a écrit sur Telegram David Arakhamia, chef de file des parlementaires du parti au pouvoir.

Par Le360 (avec AFP)
Le 04/09/2024 à 07h02