Pour discuter notamment de la mise en oeuvre de l'accord permettant ces exportations de céréales ukrainiennes, signé en juillet par Kiev et Moscou sous l'égide des Nations unies et via une médiation de la Turquie, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres se rendra ce jeudi en Ukraine, où il rencontrera les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky et turc Recep Tayyip Erdogan à Lviv, a annoncé hier, mardi, son porte-parole, ci-dessous à partir de la minute 08:24 à la minute 10:28.
Antonio Guterres ira vendredi prochain à Odessa, un des trois ports utilisés dans le cadre de l'accord d'exportation de céréales, avant de se rendre en Turquie.
Ils discuteront «du besoin d'une solution politique à ce conflit», a précisé le porte-parole de l'ONU Stephane Dujarric.
Le président Zelensky reste très actif sur le front diplomatique, rapportant sur les réseaux sociaux des entretiens avec des représentants du groupe des «Sages» («The Elders»), dont l'ancien secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, ou avec le président zambien Hakainde Hichilema, son homogue français Emmanuel Macron et la Première ministre danoise Mette Frederiksen.
Avec cette dernière, a notamment été «discuté l'augmentation du soutien financier à (l'Ukraine) et des sanctions contre la Russie», selon Volodymyr Zelensky.
Lire aussi : Ukraine: une «catastrophe» à Zaporojjia menacerait l'Europe entière, avertit Zelensky
La guerre, entamée le 24 février, a entraîné de la part des pays occidentaux de lourdes sanctions à l'encontre de la Russie et une aide financière et militaire historique pour l'Ukraine, aggravant encore les tensions internationales.
Vladimir Poutine a ainsi reproché hier, mardi, aux Etats-Unis de chercher à «déstabiliser» le monde, évoquant la récente visite à Taïwan de la présidente de la Chambre américaine des représentants Nancy Pelosi.
«La situation en Ukraine montre que les Etats-Unis cherchent à faire traîner ce conflit. Et ils agissent de la même manière en cultivant la possibilité d'un conflit en Asie, en Afrique, en Amérique latine», a déclaré Vladimir Poutine à la Conférence internationale sur la sécurité à Moscou.
Il a dénoncé une «démonstration insolente de leur manque de respect envers la souveraineté des autres pays et leurs obligations internationales».
«Travail d’orfèvre»Sur le terrain, un nouvel incident est survenu mardi dans une base militaire russe en Crimée (sud), annexée par la Russie en 2014, qui sert de base arrière logistique aux forces de Moscou: «un acte de sabotage», selon Moscou, a provoqué l'explosion de munitions à Djankoï.
Deux civils ont été blessés, selon le gouverneur de la péninsule Sergueï Aksionov. Une ligne à haute tension, une centrale électrique, une voie ferroviaire et des maisons ont été endommagées, selon l'armée russe.
Le chef de l'administration présidentielle ukrainienne Andriï Iermak a revendiqué sur Telegram une «opération ‘démilitarisation’ façon travail d'orfèvre par les forces armées ukrainiennes».
La Crimée joue un rôle-clé dans la stratégie russe. C'est de là qu'a été lancée l'offensive sur le sud de l'Ukraine qui a permis à Moscou de capturer de larges pans de territoire dans les premières semaines de la guerre. Des avions russes décollent aussi quasi quotidiennement de Crimée pour frapper des cibles dans des régions sous le contrôle de Kiev.
Lire aussi : Ukraine: les risques «augmentent chaque jour» à la centrale nucléaire de Zaporijjia
Malgré le conflit, la péninsule est restée un important lieu de villégiature pour de nombreux Russes qui continuent de profiter de l'été sur ses plages.
Ils se rendront moins facilement en Finlande à partir du 1er septembre: le pays voisin de la Russie a annoncé une réduction drastique des visas pour les touristes russes, à 10% du volume actuel.
«Dissuasion nucléaire»La centrale nucléaire de Zaporijjia dans le sud de l'Ukraine, prise par les Russes en mars, reste également une source de tensions majeures. Plusieurs frappes dont s'accusent mutuellement Moscou et Kiev ont visé l'installation, la plus grande d'Europe.
Si la crainte d'une catastrophe nucléaire a été brandie jusqu'au Conseil de sécurité de l'ONU, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a tenté de rassurer mardi sur les intentions russes.
«L'objectif principal des armes nucléaires russes est la dissuasion d'une attaque nucléaire», a-t-il affirmé.
Le président français Emmanuel Macron a néanmoins appelé au retrait des forces russes de la centrale. Lors d'un entretien téléphonique avec son homologue ukrainien, il a souligné «sa préoccupation quant à la menace que font peser la présence, les actions des forces armées russes et le contexte de guerre avec les conflits en cours sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires ukrainiennes et a appelé au retrait de ces forces», a indiqué la présidence française.
L'opérateur public ukrainien Energoatom a dénoncé une cyberattaque russe «sans précédent» contre son site mardi, en précisant toutefois que son fonctionnement n'avait pas été perturbé.
Céréales pour l'AfriqueSelon le ministère ukrainien de l'Infrastructure, un navire de l'ONU chargé de 23.000 tonnes de céréales est parti mardi de Pivdenny (sud de l'Ukraine) pour l'Ethiopie. C'est le premier navire de l'ONU à quitter l'Ukraine à la suite de l'accord du 22 juillet permettant l'exportation des céréales ukrainiennes.
Depuis, plus d'une quinzaine de bateaux ont pu prendre la mer, selon Kiev, mais aucune cargaison humanitaire de l'ONU.
Lire aussi : Ukraine: le site d'une centrale nucléaire à nouveau bombardé, départ de quatre cargos chargés de céréales
Le conflit a bloqué pendant des mois l'exportation de ces produits agricoles, aggravant l'insécurité alimentaire dans de nombreux pays en développement.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 345 millions de personnes dans 82 pays sont aujourd'hui confrontées à une insécurité alimentaire aiguë et jusqu'à 50 millions de personnes dans 45 pays risquent de sombrer dans la famine sans aide humanitaire.