La ministre démissionnaire Christine Lambrecht vient en effet d'être remplacée par Boris Pistorius, un élu régional social-démocrate quasi inconnu au niveau national, mais qui avait dit clairement en mai que l'Ukraine avait le droit de reprendre les territoires envahis par la Russie, quand beaucoup d'autres membres de son parti étaient plus réticents à appuyer une contre-offensive de Kiev.
Des dirigeants finlandais, lituanien, polonais et britannique ont appelé mardi le chancelier allemand à autoriser rapidement la livraison de ces chars lourds de fabrication allemande et convoités par Kiev.
«Nous espérons et nous essayons d'organiser un soutien plus important à l'Ukraine», a notamment affirmé le président polonais Andrzej Duda à Davos. «Nous espérons que le fabricant de ces chars, l'Allemagne, y participera aussi», a-t-il ajouté en rappelant que la Pologne avait proposé de livrer 14 chars Leopard.
Tout envoi de matériel de guerre de fabrication allemande doit avoir le feu vert de Berlin.
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Au cours du même échange consacré à la défense européenne, le président lituanien Gitanas Nauseda a comparé la guerre à un jeu d'échecs et suggéré que l'Allemagne réalise un mouvement maintenant.
«J'aime jouer aux échecs. Vous devez déplacer une pièce et les autres suivront. Quelqu'un doit prendre les devants et prendre la décision de soutenir l'Ukraine car les chars deviennent un élément clé de cette guerre, surtout maintenant», a-t-il affirmé.
Le ministre finlandais des Affaires étrangères Pekka Haavisto a répété que son pays soutenait ces livraisons.
«Nous espérons que la décision (de livrer des chars Leopard) sera prise, et la Finlande est tout à fait prête à jouer son rôle dans ce soutien», a-t-il estimé au cours d'un événement organisé dans un espace consacré à l'Ukraine à Davos.
Le maire de Kiev, l'ancien boxeur Vitali Klitschko, a indiqué de son côté sur Telegram qu'il avait discuté de transferts d'armes dans la station suisse, où le Forum économique mondial tient sa réunion annuelle cette semaine, avec le ministre allemand de l'Economie Robert Habeck. «Des décisions positives ont été prises. De bonnes nouvelles arrivent», a-t-il écrit.
Olaf Scholz doit faire un discours à Davos mercredi à 14H45 GMT.
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Approche trop prudente?L'invasion de l'Ukraine par la Russie en février dernier a marqué un grand tournant dans la politique de défense allemande, le chancelier annonçant un fond de 100 milliards d'euros pour améliorer l'équipement de son armée, la Bundeswehr.
Mais le pays a régulièrement testé la patience de ses alliés, et s'est attiré les critiques de l'Ukraine, pour son approche prudente quand il s'agit de livrer des systèmes d'armement à Kiev.
Les alliés européens de l'Ukraine ont envoyé depuis le début de l'invasion russe plus de 300 chars soviétiques modernisés, mais le président ukrainien Volodymyr Zelensky réclame des versions plus modernes et de conception occidentale.
L'envoi de chars en Ukraine a longtemps fait l'objet de réticences de la part des alliés occidentaux de l'Ukraine, qui craignaient de fâcher Moscou.
Les Etats-Unis ont depuis annoncé des livraisons de leur blindé Bradley. La France va de son côté livrer des chars de combat légers AMX-10 RC, de fabrication française.
Et le week-end dernier, le Royaume-Uni s'est engagé à livrer des chars d'assaut Challenger 2, ce qui constituerait la première livraison de chars lourds de fabrication occidentale.
Le secrétaire d'Etat britannique à la Défense Ben Wallace a noté l'existence d'un débat en Allemagne sur la question de savoir si des chars étaient «des armes offensives ou défensives», mais a exhorté Berlin à au moins donner l'autorisation à la Pologne et à la Finlande de ré-exporter des Leopards.
Les pays occidentaux alliés de l'Ukraine doivent se retrouver vendredi sur la base militaire américaine de Ramstein en Allemagne pour coordonner leurs dernières promesses d'aide à l'Ukraine.