«Une décision gouvernementale a été prise sur l'évacuation obligatoire de la région de Donetsk», a déclaré Volodymyr Zelensky dans une adresse vidéo samedi soir. «S'il vous plaît, évacuez», a-t-il demandé. «Plus les habitants quittent la région de Donetsk maintenant, moins l'armée russe tuera de personnes». «A ce stade de la guerre, la terreur est la principale arme de la Russie», a-t-il martelé.
La vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk avait précédemment annoncé l'évacuation obligatoire pour toute la population du Donetsk, l'une des deux régions administratives du bassin industriel du Donbass où la Russie gagne du terrain.
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Elle avait motivé cette décision, dans des déclarations à la télévision, par la destruction des réseaux de gaz et l'absence de chauffage l'hiver prochain dans la région.
Au moins 200.000 civils vivent encore dans les territoires de la région de Donetsk qui ne sont pas sous occupation russe, selon une estimation des autorités ukrainiennes.
«Au total, il y a actuellement environ 52.000 enfants dans la région de Donetsk. Les policiers expliquent aux parents que l'évacuation implique de fournir un logement et d'apporter toute l'aide nécessaire», a précisé la police nationale, chargée de l'opération.
Les frappes russes sur les villes de la région font pratiquement tous les jours des victimes dans la population civile. Dans la nuit de samedi à dimanche, l'armée ukrainienne a fait état de frappes d'artillerie russes notamment à Bakhmout et Kramatorsk, près de la ligne de front.
Sur le front sud, dans la nuit de samedi à dimanche, la ville de Mykolaïv a été lourdement frappée par des bombardements, «probablement les plus forts jamais survenus», selon son maire. «On a entendu de puissantes explosions entre 1h et 5h du matin. Des bâtiments résidentiels ont été endommagés.
Plusieurs incendies se sont déclarés sur les sites touchés», a précisé Oleksandr Senkevych sur Telegram.
Dimanche matin, le gouverneur de la ville de Sébastopol, dans la péninsule de Crimée annexée par Moscou, a fait savoir que l'état-major de la Flotte russe de la mer Noire avait été attaqué à l'aide d'un drone, faisant état de cinq blessés.
«Ce matin, les nationalistes ukrainiens ont décidé de nous gâcher la Journée de la Flotte russe» célébrée en Russie dimanche, a écrit Mikhaïl Razvozjaïev sur Telegram.
Il a précisé qu'un drone s'était posé dans la cour de l'état-major de la Flotte et avait explosé, faisant cinq blessés parmi les employés de l'état-major.
Toutes les festivités liées à la Journée de la Flotte russe «ont été annulées pour des raisons de sécurité», a annoncé Mikhaïl Razvojaïev.
De vastes célébrations sont prévues à l'occasion de cette fête à travers la Russie, avec notamment une parade navale à Saint-Pétersbourg (nord-ouest), qui doit être supervisée par le président Vladimir Poutine.
Tweet incendiaireVendredi, le bombardement d'un baraquement abritant des soldats ukrainiens prisonniers à Olenivka, en territoire occupé par les Russes dans la région de Donetsk, a fait une cinquantaine de morts. Un «crime de guerre russe délibéré», selon Volodymyr Zelensky.
Le chargé des droits humains ukrainien Dmytro Loubinetsk a annoncé samedi avoir demandé à la Croix-Rouge et à la Mission de surveillance des droits de l'homme des Nations unies, qui a supervisé en mai la reddition négociée avec les Russes des défenseurs de l'usine d'Azovstal à Marioupol (sud-est), de se rendre à Olenivka.
Après de longues semaines de siège et de résistance sur le site sidérurgique, environ 2.500 combattants ukrainiens s'étaient rendus et Moscou avait fait savoir qu'ils seraient incarcérés à Olenivka.
«Quand les défenseurs d'Azovstal avaient quitté l'usine, l'ONU et le CICR avaient agi en garants de la vie et de la santé de nos soldats», a déclaré vendredi soir Volodymyr Zelensky, en appelant l'ONU et la Croix-Rouge à «réagir».
Le Comité d'enquête russe avait annoncé vendredi le bombardement d'Olenivka, affirmant que les forces ukrainiennes avaient elles-mêmes «tiré sur la prison où sont détenus les membres du bataillon Azov, utilisant des projectiles américains du système Himars».
L'état-major ukrainien a balayé ces accusations, affirmant qu'il s'agissait pour les forces russes ou séparatistes de «camoufler les tortures de prisonniers et les exécutions» qui avaient été «perpétrées».
Selon le renseignement ukrainien, l'attaque «a été réalisée par des mercenaires de la division Wagner», compagnie russe de mercenaires dont les hommes ont été accusés de crimes en Syrie et en Afrique notamment.
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Quant au chargé des droits humains ukrainien Dmytro Loubinetsk, il a affirmé que selon l'analyse de la vidéo russe, seul élément disponible à ce stade, «l'explosion s'est produite à l’intérieur» du baraquement et non après un bombardement.
Le géant gazier russe Gazprom a annoncé samedi avoir suspendu ses livraisons de gaz à la Lettonie. Il avait déjà réduit drastiquement cette semaine ses livraisons à l'Europe via le gazoduc Nord Stream, officiellement en raison de la maintenance d'une turbine.