Nouveau cri d’alerte, un de plus, à propos de la situation en Algérie. Celui que vient de lancer le magazine américain en ligne, International Policy Digest, sous cette interrogation très significative: «L’Algérie peut-elle être sauvée?». Le diagnostic est sans appel. «L’économie algérienne dépend presque entièrement des revenus tirés des recettes pétrolières et, comme beaucoup de pays producteurs de pétrole dans la région, l’Algérie a mis en place un énorme Etat rentier qui achète la paix sociale sous le couvert de soi-disant une politique de répartition équitable de la richesse, mais qui vise, en réalité, à perpétuer le régime absolutiste qui est étroitement contrôlé par l'armée omniprésente et puissante», assène d’emblée le site américain cité comme référence concernant les questions de géopolitique.
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«La moitié des recettes pétrolières (en Algérie) se situent sur des comptes bancaires suisses secrets appartenant au hauts gradés de l’armée, qui se considèrent comme les héritiers légitimes de l’indépendance algérienne», pointe encore le site US. Vous avez bien lu: les hauts galons algériens tapis au luxueux club des Pins, à Alger, font main basse sur la moitié des recettes pétrolières (60% des recettes de l’Etat algérien), soit 30% des recettes détournées et versées sur des comptes suisses, à l’abri des regards du contribuable algérien! Une pique qui rappelle curieusement une autre plantée dans le pied de l’oligarchie militaire algérienne, pas plus tard que le 16 décembre 2016 par le prestigieux journal The New York Times, sous ce titre caustique: «L’Algérie est dirigée par une poignée de généraux et d’officiers du renseignement».
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Mais passons, car il y a plus grave. «Dans l'ensemble, les hauts gradés de l’armée algérienne sont prêts à utiliser la force, si nécessaire, pour préserver leurs avantages matériels et garder le pouvoir, fut-ce en utilisant des tactiques brutales comme “la violence révolutionnaire“», précise l’International Policy Digest. L’insinuation d’un risque de reproduction du scénario syrien en Algérie est à peine voilée, tellement cette sinistre expectative reste de mise.
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Selon le même site US, il y a un indicateur et pas des moindres sur le risque de cette implosion inquiétante: la lutte qui fait rage en Algérie sur fond de succession de Bouteflika. «Depuis que le président Bouteflika a eu son premier malaise et a été transporté en urgence vers un hôpital français pour des soins médicaux en toute confidentialité, divers groupes puissants se disputent secrètement les faveurs de l'armée puissante pour le poste de Président», certifie le magazine US. «Cependant, relativise le journal électronique américain, «cet homme d'Etat, bien qu’affaibli par la maladie et obligé d'utiliser un fauteuil roulant pour la mobilité (…), semble encore profiter de la confiance de la puissante armée», relève-t-il encore.
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Vous avez bien lu: Bouteflika «semble encore profiter de la confiance de l’armée». Pas tant que cela en vérité. Car les visées du chef de l’état-major de l’armée nationale populaire, le général Gaïd Salah, sur le poste de président de la république algérienne sont un secret de Polichinelle. En attestent les sorties à répétition de l’omnipotent Gaïd Salah, qui veut se positionner en alternative au président Bouteflika, cloué dans son fauteuil roulant depuis son accident vasculaire cérébral diagnostiqué en 2013, à l’hôpital Val-de-Grâce, à Paris.
La vacance au sommet de l’Etat, combinée à la crise financière et économique due à la chute des cours de pétrole (98% des exportations algériennes), avec ce que cela implique en termes d’incidences sur une société habituée au système de rente porte à croire que le régime algérien ne peut échapper sinon à l’effondrement, du moins à de profonds bouleversements.
Rappelez-vous: le 17 décembre 2016, le360 relayait un autre cri d’alerte transmis par Pierre Defraigne, directeur général honoraire à la Commission européenne. «L’Europe doit tirer des leçons de la tragédie d’Alep. Et elle doit le faire vite parce qu’une nouvelle crise menace dans son voisinage immédiat: l’Algérie, 40 millions d’habitants, attend en effet la mort clinique du Président Bouteflika, ce dernier étant en réalité hors d’état de régner depuis plusieurs années», a-t-il averti, dans une tribune publiée dans le journal «La Libre Belgique».
Un avertissement, parmi tant d’autres, que les officiels algériens tentent misérablement d’expliquer par ce recours irresponsable à la vieille-nouvelle théorie du «complot extérieur» contre l’Algérie! Comme si l’effondrement de l’Etat algérien était «souhaitable» dans une région qui a beaucoup souffert et continue de souffrir d’instabilité et d’insécurité. Il n'est dans l'intérêt d'aucun pays, proche ou lointain, de voir l'Etat algérien s'écrouler. D'où ce déluge d'alertes qu'Alger continue étonnamment d'ignorer.