"Nous ne pouvons pas continuer comme cela, nous ne pouvons accepter que des centaines de personnes meurent en essayant de traverser la mer pour venir en Europe", a affirmé le président du Conseil européen, Donald Tusk, en annonçant cette réunion extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement.
Un tel sommet d'urgence avait été demandé par le Premier ministre italien, Matteo Renzi, après le naufrage dans lequel entre 700 et 950 personnes pourraient avoir péri au large des côtes libyennes ce dimanche.Mais M. Tusk a prévenu "ne pas attendre de solutions rapides aux causes profondes des migrations, parce qu'il n'y en a pas". "S'il y en avait, nous les aurions mises en œuvre depuis longtemps", a-t-il insisté.
Il a listé certaines des pistes d'actions: arrêter les trafiquants d'êtres humains, mieux aider les Etats membres les plus touchés, accroître la coopération de l'Union européenne avec les pays d'origine et de transit.
"Nous n'avons plus d'alibi", a lancé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, lors d'une réunion conjointe des ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur de l'UE à Luxembourg. "Les tragédies de ces derniers jours, de ces derniers mois, de ces dernières années, c'en est trop", a-t-elle martelé.
La nouvelle du naufrage du chalutier au large de la Libye a provoqué un choc dans le monde entier. Des survivants ont raconté que des centaines de personnes, jusqu'à 950 dont une cinquantaine d'enfants et 200 femmes, étaient mortes après que le bateau a chaviré à l'approche d'un cargo portugais qui venait lui porter secours. L'urgence est devenue encore plus évidente après que l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé avoir reçu un appel à l'aide d'une personne affirmant que son navire, avec 300 personnes à bord, était en train de couler dans les eaux internationales.
Les Européens sont très réticents à renforcer le secours en mer et à accueillir plus de gens, craignant que cela ne crée un appel d'air alors que le flot de migrants n'a jamais été aussi élevé. Selon le Haut commissariat aux réfugiés, 35.000 migrants sont arrivés par bateau dans le sud de l'Europe depuis le début de l'année, et 1.600 sont portés disparus.
Le commissaire européen en charge de la question, Dimitris Avramopoulos, doit présenter à la mi-mai une "stratégie" européenne.