L'affirmation non étayée de Trump cette semaine et selon laquelle des "millions" de gens auraient voté illégalement à la présidentielle du 8 novembre fait écho à des déclarations similaires diffusées par le site infowars.com, qui citait une étude largement contestée par les organisations de vérification des faits (fack-checking) comme Snopes.
Mais ce n'est pas la première fois que le président élu reprend des informations d'infowars, un site géré par l'animateur de radio Alex Jones, connu pour avoir faussement affirmé que les attaques du 11 septembre 2001 avaient été fomentées par le gouvernement américain.
Pendant la campagne, Donald Trump a ainsi répété comme infowars que sa rivale Hillary Clinton "portait une oreillette" pendant un débat présidentiel et que les musulmans américains avaient fêté les attentats du 11 Septembre.
Le groupe de gauche spécialisé dans l'analyse des médias Media Matters for America a recensé plusieurs dizaines d'exemples où Trump recycle des allégations d'Alex Jones et d'infowars.
Trump n'a cependant pas repris les déclarations les plus fantaisistes d'infowars, selon lesquelles des extra-terrestres auraient atterri en Floride ou que la tuerie de l'école de Sandy Hook aurait été une mise en scène, avec acteurs à l'appui, organisée par les adversaires du port d'armes.
Ses opposants s'inquiètent qu'un président américain puisse compter sur ce genre de site pour s'informer.
"Beaucoup de ce qu'il (Jones) dit sont de pures inepties", affirme Angelo Carusone de Media Matters.
"Ce qu'il présente est un univers alternatif. Dans sa vision du monde, il prétend qu'il existe un gouvernement mondial qui, chaque jour, va confisquer votre pouvoir".
Reste à savoir si Trump croit vraiment à ce qui est diffusé sur infowars ou bien s'il ne fait que céder aux caprices de ses lecteurs. Les deux hypothèses sont inquiétantes, estime M. Carusone.
Par exemple, infowars a diffusé des histoires "entièrement fabriquées" affirmant que les musulmans imposaient la charia (loi islamique) dans les villes américaines, selon M. Carusone.
"Si le président croit à cela et commence à élaborer des politiques basées sur la croyance selon laquelle nous avons une charia, il y a un problème", affirme M. Carusone.
Infowars dispose toutefois d'une base importante de lecteurs, avec quelque 14,3 millions de visiteurs uniques et 75 millions de vues le mois dernier, selon la société de mesure des audiences Quantcast.
Parmi les autres affirmations infondées relayées par le site figure celle d'un réseau pédophile abrité par une pizzeria de Washington et impliquant un proche d'Hillary Clinton. Ou encore celle des boîtes de jus de fruit qui contiendraient des produits chimiques susceptibles de déclencher l'homosexualité chez les enfants...
Alex Jones a interrogé Donald Trump pendant la campagne et s'est vanté d'avoir eu plusieurs conversations téléphoniques avec lui, ce qui pose la question de son influence sur la future politique du 45e président.
Dans sa dernière fausse déclaration, Donald Trump reprend infowars qui prétendait que le futur président avait recueilli davantage de voix que sa rivale Hillary Clinton si on ne tenait pas compte des voix des immigrés clandestins.
Battue en nombre de grands électeurs, la démocrate a cependant recueilli au moins 2 millions de voix de plus que le républicain, selon les décomptes électoraux officiels.
"Alex Jones est le théoricien du complot le plus prolifique et le plus déséquilibré de l'Amérique", estime Mark Potok, expert du Southern Poverty Law Center, un groupe de défense des droits civiques qui suit les mouvements prônant la haine sur la base de la race, du sexe ou de la religion.
"Le fait que notre président élu le traite comme s'il était un expert et un commentateur sérieux est effroyable. C'est un homme qui croit notamment que le gouvernement est responsable de l'attentat à Oklahoma City, de celui du marathon de Boston, de la tuerie d'Orlando, en Floride, et de plusieurs autres attaques terroristes", s'inquiète Mark Potok.