Venezuela: mandat d’arrêt contre le candidat de l’opposition, Washington saisit un avion du président Maduro

Le candidat présidentiel de l'opposition vénézuélienne Edmundo Gonzalez Urrutia, objet d'un mandat d'arrêt issu par la justice du pays le 2 septembre 2024. AFP or licensors

Edmundo Gonzalez Urrutia, le candidat de l’opposition à la présidentielle du 28 juillet, est visé depuis lundi par un mandat d’arrêt de la justice vénézuélienne, alors que Caracas accuse Washington de «piraterie» après la saisie d’un avion du président contre Nicolas Maduro par les États-Unis.

Le 03/09/2024 à 07h07

Edmundo Gonzalez Urrutia, le candidat de l’opposition qui revendique la victoire à la présidentielle du 28 juillet contre Nicolas Maduro, est l’objet depuis lundi par un mandat d’arrêt de la justice vénézuélienne. Le parquet affirme avoir obtenu «l’ordre d’arrestation pour de graves crimes» de la part d’un tribunal compétent en terrorisme, selon un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux.

Edmundo Gonzalez Urrutia, 75 ans, ne s’est pas rendu à trois convocations de la justice qui voulait l’entendre au sujet du site Internet de l’opposition qui le donne vainqueur de la présidentielle. Pour justifier ses absences, M. Gonzalez Urrutia a dit craindre une justice «sans garantie d’indépendance» et le procureur général Tarek William Saab qu’il accuse de se comporter «comme un accusateur politique».

Le parquet avait ouvert début août une enquête contre lui et la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado pour «usurpation de fonctions, diffusion de fausses informations, incitation à la désobéissance aux lois, incitation à l’insurrection et association de malfaiteurs».

«Ils ont perdu tout sens des réalités. En menaçant le président élu (Gonzalez Urrutia), ils ne parviennent qu’à nous rapprocher et à renforcer le soutien des Vénézuéliens et du monde entier à Edmundo Gonzalez», a réagi sur les réseaux sociaux la cheffe de l’opposition Maria Corina Machado.

«Personne dans ce pays n’est au-dessus des lois, au-dessus des institutions», a déclaré le président Nicolas Maduro lors de son émission télévisée hebdomadaire.

Le président socialiste, dont la victoire a été validée par la Cour suprême, a été proclamé vainqueur par le Conseil national électoral (CNE), qui n’a pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote, se disant victime d’un piratage informatique.

Selon l’opposition, qui a publié les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, M. Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 60% des voix. Après l’annonce de la réélection de M. Maduro, des manifestations spontanées ont fait 27 morts et 192 blessés, tandis que quelque 2.400 personnes ont été arrêtées, de source officielle.

Acte de «piraterie»

Une partie de la communauté internationale, États-Unis en tête, ne reconnaît pas la réélection de Nicolas Maduro. Washington a annoncé lundi avoir «saisi un avion (…) acquis illégalement pour 13 millions de dollars par l’intermédiaire d’une société-écran et sorti clandestinement des États-Unis», selon le ministre de la Justice, Merrick Garland, dans un communiqué. L’appareil, un Falcon 900EX de Dassault, a été saisi en République dominicaine et transféré en Floride, selon le communiqué.

Le Venezuela a aussitôt dénoncé «devant la communauté internationale (...) une pratique criminelle répétée qui ne peut être qualifiée que d’acte de piraterie», selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères vénézuélien.

La République dominicaine a, elle, souligné qu’elle n’avait pas participé à l’enquête menée par Washington, et avoir «seulement» répondu à «une demande internationale d’entraide judiciaire», a affirmé le ministre des Affaires étrangères dominicain Roberto Alvarez à des journalistes, précisant que l’avion se trouvait dans son pays «à des fins de maintenance».

En août 2019, l’exécutif américain avait émis un décret interdisant à toute personne aux États-Unis d’effectuer des transactions avec quiconque ayant «directement ou indirectement agi pour le gouvernement du Venezuela ou en son nom», a rappelé le ministère.

En mars 2020, le ministère américain de la Justice avait annoncé l’inculpation de Nicolas Maduro et d’autres hauts responsables vénézuéliens et offert une prime pouvant atteindre 15 millions de dollars pour toute information qui permettrait d’arrêter le président au pouvoir depuis 2013.

Par Le360 (avec AFP)
Le 03/09/2024 à 07h07