Il s’y était solennellement engagé lors de sa toute première conférence de presse, jeudi 13 mars dernier, soit trois jours à peine après sa nomination en tant que Premier ministre par le (toujours) président Abdelaziz Bouteflika. «Un gouvernement de "technocrates" serait formé la semaine prochaine», s’est ainsi exprimé Noureddine Bedoui qui, avec Ramtane Lamamra, nommé vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, était censé former un nouvel exécutif pour «rapidement» passer aux choses «sérieuses»: le lancement de la conférence nationale, d’une nouvelle constitution et d’un processus électoral devant aboutir à un nouveau président.
Aujourd’hui, 25 mars, soit près de deux semaines après cette annonce, il n’en est toujours rien. Le Premier ministre est à la peine et cela, toute l’Algérie le sait. «La mission de Noureddine Bedoui de former un nouveau Gouvernement semble des plus difficiles», lisait-on notamment dans Algérie 1. De fait, aucune personnalité ni instance d’importance ne veut s’associer à Bedoui et au régime qu’il est désormais un des rares à défendre. «Nous croyons savoir que des personnalités de la société civile et même d’anciens ministres qui se sont refaits une virginité dans l’opposition ont été approchées pour être dans l’exécutif provisoire. Mais ces derniers auraient poliment décliné l’offre. Ce qui est du reste compréhensible, car il est difficile d’être ministre de la République dans une situation comme celle que vit actuellement l’Algérie», lit-on encore.
Voilà le tableau brossé. S’il était évident, depuis cette même sortie médiatique, que Noureddine Bedoui avait du mal à convaincre, aujourd’hui, il a un grand mal à matérialiser ses promesse. Le tant promis gouvernement «de compétence et de large représentation», au sein duquel les jeunes et les femmes seront représentés est toujours une chimère.
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Pendant que Ramtane Lamamra se déploie sur le terrain diplomatique, passant d’avion en avion, avec comme priorité d’entre toutes «l’ennemi marocain», le Premier ministre vit un grand moment de solitude. Il a beau multiplier les contacts et les consultations, aucun homme politique, membre de l’opposition, syndicaliste n’a sonné à sa porte. «Contrairement à ce qu’il espérait, Noureddine Bedoui a rapidement essuyé un refus presque unanime des syndicats, personnalités et partis contactés. Si certaines organisations proches du pouvoir ont accepté de discuter avec le Premier ministre, l’ensemble des syndicats autonomes ont rendu publics des communiqués pour exprimer leur refus de rencontrer le représentant du pouvoir», informe Liberté Algérie.
Cela prête à rire et le talentueux caricaturiste Dilem résume bien la situation.
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Ce qui est moins drôle, c’est que pour se sortir de cette véritable crise, le Premier ministre algérien entend faire du neuf… Avec du vieux. Jeudi de la semaine dernière, il a convoqué l’équipe gouvernementale de son prédécesseur, Ahmed Ouyahia. Pour leur demander de reprendre leurs fonctions en attendant des jours meilleurs. Tout ça pour ça, est-on tenté de dire.
En attendant, le système est totalement paralysé, et les Algériens ne désarment pas. Et ce n’est pas l’option de reconduire un gouvernement, aujourd’hui conspué, qui va les calmer.