La trêve entre le régime algérien et des dizaines de milliers de militaires retraités aura été de courte durée. Cette semaine encore, ils ont été des centaines d’anciens militaires à s’être donnés rendez-vous à Alger pour y battre le pavé, comme ils le font régulièrement depuis plusieurs années, afin de dénoncer la misère dans laquelle ils ont été abandonnés, sans soins, sans pensions suffisantes et parfois sans gîte.
Ces laissés-pour-compte de l’armée algérienne comptent camper durablement sur place, dormant parfois dans la rue, à la belle étoile, d'après leurs dires, attestés par des images qu’ils ont diffusées dans plusieurs vidéos. Une protestation qui aura cours, assurent-ils, ce jusqu’à ce que l’état-major algérien donne suite à leurs revendications.
Portant leur sac de voyage, pour ceux venus de lointaines wilayas, ces retraités affirment n’exiger aucun avantage indû, ni aucunement une aumône, mais simplement leurs droits les plus élémentaires en tant «qu’anciens éléments de l’Armée nationale populaire» (ANP) algérienne, expliquent-ils.
En mars dernier déjà, les retraités de l’armée avaient massivement manifesté aux portes d’Alger, où ils avaient été bloqués et sauvagement réprimés par leurs frères d’armes, de crainte qu’ils ne fassent jonction avec les manifestants du Hirak, mouvement de protestation populaire à l'époque très actif.
Une ordonnance présidentielle avait d’ailleurs été signée à la va-vite par Abdelmadjid Tebboune, en avril 2021, en vue d’octroyer pour la première fois en Algérie des pensions complémentaires aux seuls retraités invalides, d’un montant mensuel de 27.000 dinars (l'équivalent de 1.777 dirhams marocains).
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Cette fois-ci, il s’agit d’un rassemblement de militaires à la retraite, plus ou moins valides, mais qui dénoncent la marginalisation de leurs dossiers médicaux, tout en revendiquant une revalorisation de leur retraite, surtout dans un contexte où la monnaie algérienne connaît une série de dévaluations répétitives, accompagnées d’une inflation qui leur a rendu inaccessibles les produits de première nécessité.
La dévaluation du dinar dans un pays qui importe pratiquement tout, et n’exporte que ses hydrocarbures, a en effet laminé le pouvoir d’achat des catégories les plus vulnérables et de la classe moyenne, désormais paupérisées en Algérie.
C’est dire que les mauvais traitements qu’inflige la junte aux retraités de l’armée algérienne risquent de conduire à un durcissement de ce bras de fer, à un moment où des rumeurs de reprise des manifestations du Hirak, dès la semaine prochaine, se font de plus en plus insistantes.
En tout cas, les promesses de traiter tous les dossiers en suspens des retraités de l’armée ne calment vraiment pas les esprits très échaudés de cette puissante catégorie sociale, organisée au sein de nombreuses coordinations régionales, lesquelles regroupent plus de 100.000 anciens militaires, disséminés à travers l’Algérie.
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Ces protestations récurrentes des retraités de l’ANP sont d’autant plus gênantes pour le régime algérien qu’elles agissent directement sur le moral des troupes aujourd’hui en activité. Les soldats en exercice de l'armée algérienne ne peuvent qu’être en effet très inquiets en observant le traitement indigne qui a été réservé à leurs prédécesseurs, dont ils connaîtront certainement le même sort quand l’heure de leur retraite sonnera.
Cette situation est également symptomatique de l'état de déliquescence d'une armée qui, malgré un budget annuel colossal (plus de 10 milliards de dollars), est plus encline à investir non dans l’efficacité et le bien-être de ses hommes, mais dans l’achat d'armes. Des équipements militaires qui servent davantage à alimenter le circuit de corruption des généraux, qu’à défendre une Algérie qui n’est en réalité menacée que par elle-même.