Hier soir, les populations du quartier d'Aïn El Malha à Alger ont procédé au blocage de plusieurs axes routiers en protestation contre leur non-approvisionnement en eau potable depuis quatre jours d’affilée. Ils ont ainsi bloqué la route nationale n°1, au niveau d’un axe névralgique, entraînant de gros embouteillages.
En réalité, il ne s’agit là que d’un nouvel épisode des nombreuses manifestations de ras-le-bol exprimées par les Algérois et les habitants de 21 autres wilayas du pays, touchées par la crise de l’approvisionnement en eau potable, et où vivent quasiment 9 Algériens sur 10. Blocage des axes routiers, des voies du tramway et des lignes ferroviaires inter-villes, sans parler de nombreux sit-in spontanés ont été signalés ces derniers jours à travers nombre de wilayas algériennes, où les habitants protestent contre les privations en eau potable dont ils sont victimes.
Cependant, la situation a empiré avec la nouvelle politique de rationnement instaurée par les autorités publiques, surtout au niveau de la capitale, où le wali d’Alger vient d’annoncer un programme d’horaires de distribution d’eau qui s’apparente à un régime à sec. En effet, certains quartiers d’Alger n’auront plus l’eau que pendant 6 à 8 heures par jour, alors que d’autres en seront privés un jour sur deux.
Mais face au non-respect de ces engagements, les protestations ont commencé à fuser dans certains quartiers de la capitale qui n’ont pas vu la moindre goutte d’eau depuis maintenant quatre jours d’affilée. La capitale algérienne s’est même ruralisée et n’a plus rien à envier aux méthodes de rationnement de l’eau en cours actuellement dans les camps sahraouis de Tindouf, avec les longues files d’attente derrière les citernes pour remplir des bidons et bouteilles en plastique.
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Selon l’agence de presse officielle, APS, «le wali d'Alger, Youcef Cherfa avait indiqué, dans des déclarations à la presse, concernant les perturbations de l'alimentation en eau que connaît la capitale: "tout le monde est mobilisé pour l'application du programme et nous demandons aux citoyens de faire preuve de compréhension à l'égard de cette situation due à la baisse des niveaux des barrages", et résultant de la sécheresse que vit le pays depuis plus de 3 années».
Pour se dédouaner davantage, le pouvoir a expliqué la grave pénurie d’eau que traverse l’Algérie, depuis d’ailleurs trois décennies et non trois années, par des «perturbations d’approvisionnement en eau potable, qui sont principalement dues à la rareté des pluies et au faible niveau de remplissage d’eau dans les barrages», selon les propos du secrétaire général du ministère de l’Eau.
Même si des faits climatiques réels, comme la sécheresse, sont conjoncturellement derrière le stress hydrique qui frappe l’Algérie, il n’en demeure pas moins vrai que la mauvaise gestion, l’absence de vision pour le pays et la baisse brutale des investissements dans les secteurs stratégiques sont structurellement responsables du fiasco qui frappe ce service public vital.
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En effet, selon un média algérien, «l’incompétence des autorités actuelles aux commandes du pays et leur éternelle fuite en avant sont le facteur le plus déterminant de la crise de l’eau potable qui martyrise en ce moment la population algérienne.»
La junte au pouvoir a réagi à la crise de l’eau en coupant… des têtes. Le récent renvoi du ministre de tutelle ainsi que de plusieurs hauts responsables du département de l’Eau n’ont pas calmé la colère des citoyens. Ainsi dans les colonnes d’un autre média, un Algérois affirme que les citoyens ne resteront pas les bras croisés: «Nous attendons de voir si le programme de distribution sera exécuté tel qu’il est annoncé. Si le problème persiste, les gens sortiront à nouveau dans la rue. La situation devient insoutenable».
Même l’APS n’a pu s’empêcher de rapporter le désappointement des Algérois: «Abordés par l'APS, de nombreux Algérois se sont plaints du fait que les horaires (de distribution d’eau, Ndlr) annoncés n'aient pas été "respectés", ce qui a impacté négativement leur quotidien». C’est dire à quel point la situation est explosive en Algérie.