Les médias algériens ne parlent que de cela: à Bechar, soit la 3e Région militaire algérienne, non loin de la frontière avec le Maroc, l’armée algérienne montre ses muscles. Ceci, à travers un exercice militaire combiné à tirs réels. L’opération est supervisée mercredi 26 juillet par le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense mais aussi chef d'état-major de l'Armée algérienne. Tous les corps de l’armée, exceptée la marine, y participent. Et la litanie des exercices est détaillée comme dans le menu d’un restaurant qui gave plutôt qu’il ne régale. Tirs de concentration effectués par l'aviation et l'artillerie, contre-offensive, actions de combat, maniement des différents systèmes d’armement et d’équipements… Le show est supposé impressionner sous le regard scrutateur, et pas peu fier, du général.
Si le but affiché de cet exercice est de tester les aptitudes de l’armée algérienne dans des conditions quasi-réelles de combat, la vérité est ailleurs. Une telle démonstration de force n’a pas d'autre but que de proclamer la toute-puissance du général Gaïd Salah dans la perspective d'élections présidentielles, prévues en 2019. Il semble ainsi dire qu’il faudra compter avec lui.
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Le message est notamment adressé aux partisans du maintien des Bouteflika au pouvoir. On s’en souvient, et le360 en avait parlé en temps et en heure, la récente sortie du secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes, défendant le droit de Saïd Bouteflika, frère du président, de se porter candidat, sonnait comme un avis de tempête chez le voisin de l’Est. Pour lui, le prochain président de la République algérienne ne peut être que Saïd Bouteflika ou son frère aîné, Abdelaziz, qui en est déjà à quatre mandats, en dépit d’une incapacité flagrante à gouverner. C’était dans une interview accordée, le 22 juillet, à la chaîne El Bilad et dans laquelle il n’a pas tari d’éloges sur Saïd Bouteflika, tout en précisant que «si le président Bouteflika se porte candidat pour un cinquième mandat, nous allons naturellement le soutenir».
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Le show militaire d’Ahmed Gaïd Salah est donc une forme de réponse du berger à la bergère. Depuis des mois, il ne se passe presque pas un jour sans que le chef de la Grande muette ne fasse parler de lui aux motifs, bien entendu, de terrorisme et de l’ennemi extérieur. Il se veut le «garant» de la stabilité du pays et donc, le meilleur prétendant pour diriger l’Algérie.
Il n’y a pas très longtemps, Saïd Bouteflika et Gaïd Salah se sont alliés pour se débarrasser de l’ancien homme fort d’Alger, le général Mohamed Médiène, dit Toufik, ex-chef des renseignements algériens. Le clan du président ne lui a jamais pardonné ses réserves sur le quatrième mandat de Bouteflika. Gaïd Salah a, lui, évincé un homme puisant pour devenir l’homme incontournable de l’armée algérienne.
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Sa toute-puissance à la tête de l’armée lui ouvre la voie pour être porté à la tête du pays. De l’ambition présidentielle dont ne se cache pas Gaïd Salah découle une guerre larvée entre le chef de l’état major et Saïd Bouteflika. Le tout, sur fonds de crise économique et recul diplomatique. Le récent voyage à Abu Dhabi du ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, en a apporté une nouvelle preuve. Alors même qu'avait lieu à Paris, sous l'impulsion du président français Emmanuel Macron, une réunion entre le Premier ministre libyen, Fayez al-Sarraj et le général Khalifa Haftar, commandant de l'Armée nationale libyenne (LNA). Une réunion qui a débouché sur un accord de principe entre les deux "frères ennemis" sur la tenue des élections.
Alger, qui a toujours voulu jouer les premiers rôles dans la crise libyenne, voit son influence peser aussi lourd que la plume d’un oisillon sur une balance. Pays en crise, en état de quasi asphyxie, ses frontières terrestres étant fermées avec tous les pays limitrophes à l’exception de la Tunisie, l’Algérie n’a jamais été autant isolée depuis que la France a quitté ce pays qu’elle a créé de toutes pièces. L’implosion du voisin de l’Est semble malheureusement inévitable.