Si le temps soigne bien des blessures et des maux, l’âge n'arrange pas toujours les choses. Et c’est le moins que l’on puisse dire quant à l’attitude du chef de l’armée algérienne, Ahmed Gaïd Salah, octogénaire, face au mouvement massif de consetstation du régime, dont il est une incarnation.
Maintenant le même discours et la même attitude depuis le départ, le 2 avril dernier, de Abdelaziz Bouteflika de la tête du pouvoir, le nouvel homme fort en Algérie a remis le couvert ce mardi 28 mai. Pour lui, et quand bien même elle serait refusée par les Algériens, la présidentielle doit se tenir dans les plus brefs délais et un dialogue doit se mettre en place.
Critallisant la colère des Algériens et au cœur des pancartes et slogans de contestation lors des manifestations, Gaïd Salah oppose de nouveau une fin de non recevoir aux revendications du peuple et persiste dans sa volonté de maintenir un système dont il est un des symboles.
«J'ai affirmé à maintes reprises et je le répète aujourd'hui une fois encore, que l'unique issue pour résoudre la crise que vit notre pays est d'adopter la voie du dialogue sérieux, rationnel, constructif et clairvoyant, qui place l'Algérie au-dessus de toute considération. Car l'établissement du dialogue signifie la disponibilité de tous à s'entendre et s'écouter mutuellement, avec pondération, sérénité, engagement et une aspiration sincère vers la nécessité, voire l'impératif, de trouver les solutions idoines sans délai», a-t-il répété.
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Là encore, le spectre des années noires, des «expériences douloureuses antérieures», de la «pénible période» des années 90, n’est jamais loin pour faire peur.
La solution proposée par Gaïd Salah reste ainsi la même et aucun écho des revendications de la rue ne transpire dans son discours. Au contraire, le temps est non pas à l’écoute mais aux (fausses) urgences. L'impératif est toujours l'organisation des élections présidentielles, «le plus tôt possible. Il n'y a aucune raison de continuer à perdre du temps, car le temps est précieux et il n'y a pas moyen de le gâcher dans des discussions stériles loin du véritable dialogue», insiste le chef de l’armée.
Alors que seuls deux illustres inconnus se sont portés candidats à la présidentielle, compromettant jusqu’à la possibilité de tenue du scrutin, et que la rue algérienne continue sa mobilisation pour un changement de fond et non de façade, Gaïd Salah ne veut décidément rien entendre. Au risque de provoquer une confrontation entre «son» armée et le peuple.
Les récentes arrestations dans les rangs des manifestants et l’aggressivité et manque de contrôle de plus en plus apparents de la police n’ont en cela rien de rassurant.