Dans un gymnase d'Ascoli Piceno, au pied des montagnes meurtries, le président de la République, Sergio Mattarella, le Chef de gouvernement, Matteo Renzi, et des centaines d'habitants et de secouristes ont participé à une messe de funérailles pour 35 victimes d'Arquata et Pescara delTronto.
Les cercueils recouverts d'une gerbe de fleurs blanches étaient alignés en face de l'autel. Autour, des proches parfois eux-mêmes blessés, souvent en larmes, se serrant dans les bras ou agitant un éventail dans la chaleur étouffante.
"N'ayez pas peur de crier votre souffrance, mais ne perdez pas courage!", a lancé pendant le sermon l'évêque d'Ascoli, Mgr Giovanni D'Ercole. "Ensemble, nous reconstruirons nos maisons et nos églises. Ensemble surtout, nous rendrons vie à nos communautés en repartant de nos traditions et des décombres de la mort".
Visiblement ému, Renzi ne s'est pas exprimé mais a pris le temps, comme les autres responsables politiques, de saluer les proches des victimes et les élus locaux à la fin de la cérémonie.
Parmi les cercueils, celui de Giulia, 9 ans, dont le corps a protégé celui de sa soeurGiorgia, 5 ans, l'une des dernières personnes sorties vivantes des décombres.
"Désolés si nous sommes arrivés trop tard (...) mais je veux que tu saches de là-haut que nous avons fait notre possible pour te sortir de là", a écrit un secouriste sur un papier scotché au petit cercueil blanc.
Une autre cérémonie, sans les corps, est prévue la semaine prochaine pour les victimes d'Accumoli et surtout d'Amatrice, une localité de 2.500 habitants qui pleure au moins 230 morts, sur l'autre versant de la montagne.
En signe de deuil, les chaînes de télévision publique arboraient samedi un bandeau noir et ne diffusaient pas de publicité, tandis que les cloches de la basilique d'Assise, elle-même frappée en 1997 par un violent séisme, ont sonné en l'honneur des victimes.
A Amatrice, dont l'artère principale a été réduite en un tas de décombres, les secouristes ont continué à extraire de nouveaux corps dans la nuit et samedi matin, portant à 290 le nombre de décès constatés, même si d'autres victimes sont probablement encore bloquées, a annoncé samedi la protection civile.
Au moins seize étrangers, touristes ou installés de longue date en Italie, figurent parmi les tués, selon les autorités de leur pays: dix Roumains, trois Britanniques, une Espagnole, un Salvadorien et une Canadienne.
Très peu de caches de survieDans un va-et-vient incessant de secouristes et maîtres-chiens et les volutes de poussière soulevées par les engins de chantier, les secouristes ont commencé à déblayer les décombres avec des pelleteuses, signe que l'espoir de retrouver des survivants s'amenuise.
Les décombres offrent "très peu de caches de survie", a expliqué à l'AFP Bastien Bizieux, responsable d'une brigade française d'intervention spéciale.
Cependant, le travail des secouristes était compliqué par les multiples répliques: plus de 1.300 ont été enregistrées depuis mercredi, en particulier une secousse d'une magnitude de 4 samedi à l'aube, alors que le sol s'est affaissé d'une vingtaine de centimètres sur dix km de long.
A chaque réplique, un nouveau mur s'écroule, un autre se fissure, et les petites routes deviennent de moins en moins praticables, au risque de laisser des villages et des hameaux complètement isolés.
2.500 personnes privées de toitLa protection civile a recensé près de 2.500 personnes désormais privées de toit, qui ont passé la nuit de vendredi à samedi dans l'un des 42 camps de tentes aménagées.Depuis le séisme, des initiatives ont éclos aux quatre coins de la péninsule pour venir en aide aux sinistrés. Les centres de collecte débordent et la protection civile a annoncé avoir reçu plus de 6 millions d'euros de dons."En ce qui concerne l'urgence, rien ne manque (...) mais quand la dépression accompagne le désespoir, envoyez des cigarettes, envoyez du vin", a cependant écrit un correspondant du quotidien La Stampa.
Et quand l'urgence sera passée, la reconstruction se chiffrera en milliards d'euros, même si l'évaluation des dégâts n'a pas encore pu commencer, alors que le pays s'interroge sur les raisons du lourd bilan humain dans une zone clairement identifiée comme à risque.
En 2009, un autre séisme avait fait plus de 300 morts à L'Aquila, à une cinquantaine de kilomètres. Mais il s'agissait alors d'une ville de plusieurs dizaines de milliers d'habitants.