«L’escalade dangereuse entre Maroc et Algérie», c’est le titre de la chronique du jour d’Anthony Bellanger, au lendemain des accusations portées par l’Algérie contre le Royaume, rendu responsable par son voisin de l’Est de la mort de trois ressortissants algériens.
Et l’auteur de rappeler de prime abord que, «ce qu’Alger appelle le ‘bombardement’» d’un convoi de camions, se serait produit sur une route qui va de la Mauritanie à l’Algérie en longeant le Sahara. En somme, ces routiers étaient dans une zone où ils n'étaient pas supposés être.
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Voilà pour le topo de cet énième scénario abracadabrant concocté par l’Algérie, dont les accusations, note Anthony Bellanger au passage, n’ont pu être confirmées par personne. En effet, «la Mauritanie, pour sa part, assure qu’aucune opération militaire n’a été conduite sur son territoire», précise-t-il.
Le lexique de la guerreEn matière de politique et de diplomatie, les mots ayant une importance toute particulière, l’objectif de cet édito n’est pas tant de vérifier la véracité des accusations farfelues proférées par l’Algérie que de dénoncer «la violence des termes utilisés» par ce pays contre le Maroc.
Vidéo. "L'escalade dangereuse entre Marc et Algérie", la chronique d'Anthony Bellanger sur France Inter.
Un lexique belliqueux, martelé par la présidence et les médias algériens, dans le cadre d’une relation où «le ton ne cesse de monter entre les deux voisins du Maghreb, souvent à l’initiative d’Alger», est-il relevé. Le comportement du régime algérien est qualifié de «dangereux, irrationnel et donc irresponsable».
Car la présidence algérienne n’y va pas avec le dos de la cuillère pour charger le Maroc en parlant de «lâche assassinat», mais va aussi jusqu’à dénoncer l’utilisation «d’armements sophistiqués», pour in fine s’aventurer à insinuer des «menaces directes de rétorsion militaire», analyse le chroniqueur.
Un jusqu’au-boutisme aveugle et dangereuxMais comment expliquer la dégradation ces derniers mois dans les relations entre les deux pays voisins?, s’interroge-t-on, alors même que, de l’avis d’Anthony Bellanger, la rupture des relations diplomatiques survenue fin août «à l’initiative d’Alger» laissait penser qu’on avait «atteint là une sorte de climax», à partir duquel s’amorceraient les prémisses d’une désescalade.
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«On avait tort!», tranche le journaliste, qui souligne le comportement «irrationnel» et «dangereux» d’un régime prêt à se priver «des milliards d’un contrat de livraison de gaz, quitte à se fâcher avec un de ses principaux clients, l’Espagne, au moment où le prix du gaz est au plus haut, et ce, juste pour punir le Maroc».
La gifle américaine qui ne passe pasPour le chroniqueur, et cela ne fait pas l’ombre d’un doute, l'Algérie reproche au Maroc ce qu’il qualifie de «coup diplomatique magistral». Comprenez par là, la normalisation des relations diplomatiques entre Rabat et Tel-Aviv et la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté du Royaume sur le Sahara.
Se sentant «bafouée», «isolée» et considérant cette reconnaissance américaine comme une «humiliation» à son encontre, l’Algérie espérait que l’administration Biden reviendrait sur la décision de l’ancien président américain, explique Anthony Bellanger.
Mais ce premier camouflet asséné au régime algérien a été répété par cette même administration Biden en laquelle Alger fondait ses espoirs. Et, pire que tout, «non seulement la Maison Blanche n’a pas renié la signature de Donald Trump, mais en plus Rabat est devenu l’allié de choix de Washington dans la région», ajoute Anthony Bellanger, évoquant notamment l’aspect militaire de cette collaboration, avec à la clé la modernisation de l’armée marocaine à marche forcée, et à terme, du «matériel dernier cri ’made in USA’».
Faire la guerre au Maroc, le seul moyen de survie d’un régime honni par le peupleAnthony Bellanger ne s’arrête pourtant pas à cette déculottée diplomatique algérienne pour expliquer cette dégradation des rapports entre les deux pays et se penche sur une autre raison, celle-ci jugée par l’auteur, «plus profonde, plus dangereuse et très algérienne cette fois».
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Pour mieux cerner les racines du problème, direction la rue algérienne, qui n’a de cesse, par la voix «de millions de manifestants du mouvement Hirak de 2019», de poser une seule et unique question, décrypte Anthony Bellanger: «à quoi servent ces vieillards engalonnés, confis dans le luxe, et qui n’ont pas fait la guerre depuis 60 ans?»
Acculés face à la colère du peuple, mais pas prêts pour autant à lâcher les rênes du pouvoir et à perdre leurs privilèges, les militaires algériens, qui selon le journaliste «ont compris le danger», veulent «à tout prix se légitimer aux yeux de leur propre population». Seule solution rapide pour y parvenir, analyse Anthony Bellanger dans sa démonstration, «susciter un ennemi et le provoquer». Et de conclure, «le voisin marocain est parfait pour cela».