«La hausse des prix accroît la faim des Algériens»: c'est le titre l’émission égyptienne Joe Show, diffusée le 13 février. Avec beaucoup d’ironie, le présentateur revient sur la pénurie de lait qui persiste en Algérie depuis le début de l’année 2020 et occasionne toujours de longues files d’attente, au point que certains citoyens passent leur journée à faire la queue dans l’espoir de n'acheter ne serait-ce qu'un petit sachet de lait.
Mais aujourd’hui, la situation s’est aggravée et les associations de consommateurs, relayées par les médias, ne cessent de dénoncer la hausse des prix vertigineuse qui touche désormais les produits de consommation. Le prix des produits laitiers, des céréales, des huiles végétales a considérablement augmenté, au point de mettre à rude épreuve le pouvoir d’achat des Algériens, avec, à titre d’exemple, une augmentation du prix du sucre de 10% et de 40% pour les farines. Mais ce ne sont pas les seuls produits à être touchés par ces hausses vertigineuses. Légumes, fruits, poissons, viande… Tout y passe.
Face à cette situation de crise, c’est l’omerta, et le journaliste égyptien de dénoncer l’incompétence du ministre du commerce Kamel Rezig dans la gestion de ce problème. Car si le ministre menaçait il y a un an «la mafia du lait», jurant que des têtes allaient tomber, il promettait aussi, très confiant, que le problème de la pénurie de lait serait résolu en une semaine à dix jours. Mais un an plus tard, la situation a empiré, et Kamel Rezig a choisi de se sortir de ce bourbier en mentant à ses concitoyens de manière effrontée, affirmant devant les caméras que «l’année 2020 s’est très bien passée».
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Le ministre soutient désormais dans différentes interventions médiatisées que les prix n’ont connu aucune augmentation, qu’il ne s’est jamais engagé à résoudre le problème en dix jours, argue ensuite qu’on ne peut résoudre un problème vieux de vingt ans en six mois, puis effectue une pirouette de plus en affirmant que la gestion du lait ne fait pas partie de son portefeuille de ministre du commerce, et, enfin, quand il en vient à être interrogé par un journaliste sur les recommandations de son ministère pour sortir de cette crise, Kamel Rezig répond «Dieu seul le sait»...
De quoi déclencher stupeur et colère en Algérie, ironie et rires sur le plateau de l’émission égyptienne, qui n’a pas manqué d’effectuer un montage probant de ces déclarations surréalistes.
Mais le Algériens ne s’en tirent pas à si bon compte, car quand vient l'heure pour les autorités d'expliquer cette crise et de trouver des solutions, ce sont les citoyens et consommateurs qui servent de boucs émissaires. Les Algériens se voient ainsi reprocher leur «consommation excessive de produits de large consommation», et sont invités à faire un travail sur eux-mêmes afin de cesser de consommer «de manière irréfléchie et irresponsable». Incroyable mais vrai!