Chinguetti, Tichitt, Ouadane, Oualata sont quatre anciennes villes mauritaniennes classées au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, en reconnaissance de leur rôle historique dans les domaines culturel (madrasas et bibliothèques riches en vieux et rares manuscrits) et économique (commerce transsaharien).
Pour éviter l’oubli et la déperdition de ce patrimoine situé en plein désert, le gouvernement mauritanien a décidé, depuis 2011, d’y organiser chaque année et à tour de rôle le «Festival des villes anciennes de Mauritanie».
Lors de la séance d’ouverture de la 8e édition de ce festival, qui vient de baisser son rideau ce 26 novembre à Oualata, ville de l’extrême Est du pays, en présence du président mauritanien Ould Abdel Aziz, des membres de son gouvernement et de nombreux ambassadeurs accrédités à Nouakchott, le ministre de la Culture, Sidi Mohamed ould Maham, par ailleurs porte-parole du gouvernement, a prononcé un bref discours d’ouverture.
Parlant des pays voisins participant au Festival de Oualata, il a cité en premier lieu les troupes folkloriques venues de Guelmim et de Laâyoune (Maroc), de Tindouf (Algérie), avant d’enchaîner, après un bref silence, avec les troupes touarègues venues de Toumbouctou…
Il n’en fallait pas plus pour que les médias du Polisario accusent le responsable mauritanien de dévier de la «neutralité positive» de son pays, pour avoir non seulement zappé la présence d’un représentant du Polisario (un poète et soi-disant «chef du théâtre national»), mais d’avoir également parlé de «Ouyoune Essakhia El Hamra», appellation avec laquelle les Marocains aiment aduler cette province du sud du royaume.
En désignant donc Laâyoune par son vrai nom, à la fois poétique, géographique et historique, le ministre de la Culture, de l’artisanat, des relations avec le parlement et porte-parole du gouvernement aurait, selon le Polisario, tenu un langage «makhzénien».
D’ailleurs ce n’est pas la première fois que les matons des camps de Rabbouni s’en prennent à ce même ministre, qui vient à peine de boucler son premier mois au sein du gouvernement.
Le 8 novembre dernier, Ould Maham a été violemment pris à partie par le Polisario pour avoir salué, au nom du gouvernement mauritanien, la proposition d’un dialogue «franc et direct» que le roi Mohammed VI avait adressée deux jours plus tôt à l’Algérie. Pour avoir loué l’appel à un dégel entre les deux grands pays du Maghreb, une affaire qui ne concerne en rien le Polisario, le ministre mauritanien a aussi été accusé de violer la «neutralité positive» de la Mauritanie.