C’est sur la chaîne BFMTV que Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour se sont affrontés pendant deux heures hier, jeudi 23 septembre, pour exposer leur idée de la France. Entre les deux hommes, un dialogue de sourd et un échange difficilement audible qui a viré dès les premières minutes au pugilat.
Au centre de ce débat, la question de l’immigration a été largement débattue, et souvent associée à celle de la sécurité, mais aussi de l’islam.
Accusé par Mélenchon d’être un «danger pour la France», Zemmour a aussi été taxé d’avoir «une vision rabougrie de la France», d’être «un raciste» qui a d’ailleurs «été condamné pour ça!» sans compter que celui-ci «professe une vision extrêmement curieuse et violente de la virilité».
«Je le considère dangereux! (...) je l'ai vu se radicaliser», a poursuivi Jean-Luc Mélenchon, bien déterminé à alerter contre la menace que représente ce potentiel candidat pour une France confrontée «à des problèmes d’une immensité sans précédent».
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Lui reprochant ses valeurs réactionnaires, Mélenchon a qualifié de «Zemmouristan», le pays fantasmé par Zemmour. «Un pays où les femmes sont rabaissées, où il y a la peine de mort qui vous plaît, un pays où les homosexuels sont punis et un pays où on n’adhère pas aux conventions internationales, ça s'appelle l'Arabie Saoudite! Leur programme, c'est ce que vous racontez!», a fustigé Mélenchon. «Vous êtes obsédé par une idée de la France. (...) La France ce n'est pas ce que vous dites!», a-t-il conclu.
Eric Zemmour n’a pas tardé à répondre à ces accusations en rétorquant, «ce que vous venez de décrire, c'est exactement les banlieues islamisées où les femmes se font cracher dessus quand elles sont en jupe!».
«Dans votre ville de Marseille, c'est la peine de mort tous les jours, monsieur Mélenchon», a lancé l’ancien chroniqueur de CNews, adressant une pique à l’encontre du député des Bouches-du-Rhône. Profitant de l’occasion pour revenir sur la loi de 1803 relative aux prénoms français qu’il souhaite refaire appliquer, Zemmour a poursuivi en interpellant son adversaire: «M. Mélenchon, vous êtes le produit de mon idée de la France! Votre grand-père a donné des prénoms français à ses enfants et petits-enfants... Vous êtes le produit de l'assimilation à la française, mais vous le reniez!»
La sécurité, ou plutôt l’insécurité qui règne en France, a également opposé les deux hommes. Eric Zemmour parle d’un pays «en guerre civile». «Comment vous appelez un pays où la tête d'un professeur roule au sol?», a-t-il demandé en référence à l'assassinat de l'enseignant Samuel Paty en octobre 2020 et en faisant ensuite le lien avec l'expulsion des étrangers en prison, ou encore la déchéance de nationalité des binationaux.
Il estime ainsi que «nous avons donné les droits de la politique d’immigration aux immigrés. Ce sont eux qui choisissent qui vient, qui ne vient pas: le fils, la mère, la femme, le cousin… ». «Oui, ce sont des êtres humains qui ont des familles», a répliqué dans la foulée Jean-Luc Mélenchon.
L’auteur de l'essai «Le suicide français», paru en 2014 aux éditions Albin Michel, s’est attaqué avec virulence à l’islam qui serait selon lui, «aux antipodes de la France».
«L’islam est une religion politique par essence», a-t-il poursuivi. «Elle ne s’occupe pas de l’intériorité des fidèles mais des normes sociales et politiques. L’islam est une religion qui concurrence le code civil, (…) qui n’est pas compatible avec la France».
Opposé à cette vision, Jean-Luc Mélenchon a quant à lui prôné les mérites de «la créolisation de la France». Pour lui, «nous sommes le pays qui pratique depuis le plus longtemps une forme de créolisation assumée, c’est-à-dire la création d’une culture commune de gens qui se trouvent au même endroit».
Parmi les punchlines du polémiste, «la délinquance, c'est un jihad», a-t-il lancé. «C'est une guerre qui nous est menée, une guerre de civilisation, une guerre de pillages, une guerre de vols, une guerre de viols et une guerre de meurtres».