"Mehmet Kaplan m'a remis sa démission et je l'ai acceptée", a déclaré Stefan Löfven au cours d'une conférence de presse avec son ministre du Logement, du Développement urbain et des Nouvelles technologies, dont il a loué "les valeurs d'humanisme et de démocratie".
M. Kaplan a ensuite assuré s'opposer à "toute forme d'extrémisme" et mis en avant son "combat pour les droits de l'Homme, la démocratie et le dialogue". "Je sais qui je suis, je sais ce que j'ai fait", a-t-il ajouté.
Militant écologiste, au gouvernement depuis 2014, Mehmet Kaplan, 44 ans, était sur un siège éjectable depuis la diffusion ce week-end d'une vidéo dans laquelle il a tenu des propos polémiques sur la politique israélienne envers les Palestiniens.
En mars 2009, au cours d'un débat sur l'islamophobie organisé par une association somalienne, M. Kaplan, alors parlementaire, avait évoqué des "ressemblances" entre les persécutions des juifs dans l'Allemagne nazie des années 1930 et le quotidien des Palestiniens.
L'ambassadeur d'Israël en Suède, Isaac Bachman, a déploré des propos "profondément antisémites".
"J'ai à plusieurs reprises sévèrement critiqué la politique d'Israël, mais je ne suis évidemment pas antisémite (...). Mes critiques à l'encontre d'Israël n'atténuent d'aucune façon ma condamnation de l'antisémisme en Suède", a argué M. Kaplan dans une tribune publiée après sa démission sur le site internet du quotidien Expressen.
La semaine dernière déjà, la publication de photos du ministre partageant le couvert avec des ultranationalistes turcs en juillet 2015 en Suède avait suscité de vives réactions.
M. Kaplan avait participé à un dîner en présence d'Ilhan Senturk, représentant en Suède des "Loups gris", un mouvement ultranationaliste turc connu pour ses actions violentes dans les années 70 et 80.
Était également présent Barbaros Leyani, démis de ses fonctions de vice-président de la Fédération des Turcs de Suède pour avoir appelé au meurtre des "chiens arméniens" au cours d'une manifestation début avril à Stockholm.
Pour sa défense, M. Kaplan, né en 1971 à Gaziantep près de la frontière syrienne et ayant immigré en Suède à l'âge de huit ans, a expliqué qu'il ignorait à l'époque qui était M. Senturk.
"Je connaissais son organisation mais je ne savais pas qu'elle était représentée à cet événement", a-t-il assuré. Faux, a répliqué M. Senturk au journal Aftonbladet : "Nous nous connaissons, je sais qui il est et il sait qui je suis. Je crois d'ailleurs qu'il n'aime pas notre organisation".
Mehmet Kaplan avait aussi été critiqué pour ses liens avec des organisations islamiques, en particulier Milli Görüs, soupçonnée de prôner le fondamentalisme religieux. "Cela ne veut pas dire que je suis d'accord avec eux sur tout", avait-il fait valoir à la télévision.
Le ministre déchu a lui-même présidé par le passé des instances de représentation des musulmans en Suède.
La chef de l'opposition conservatrice, Anna Kinberg Batra, a reproché au Premier ministre social-démocrate d'avoir été "passif et lent" dans cette polémique.