Vif émoi après l'arrestation d'une figure propalestinienne de Columbia à New York

Des manifestants pro-palestiniens manifestent dans le Lower Manhattan à New York le 10 mars 2025.

Des manifestants pro-palestiniens manifestent dans le Lower Manhattan à New York le 10 mars 2025

L’indignation a gagné le monde universitaire et les défenseurs des droits humains aux États-Unis après l’arrestation d’une figure des manifestations propalestiniennes à la prestigieuse université Columbia, la première d’une longue liste a promis lundi Donald Trump.

Le 11/03/2025 à 08h09

La police fédérale de l’immigration (ICE) a arrêté ce week-end Mahmoud Khalil, fraîchement diplômé de l’université new-yorkaise où il s’était érigé ces derniers mois en porte-parole du mouvement étudiant propalestinien contre la guerre à Gaza, dont Columbia est devenu l’épicentre depuis plus d’un an.

Le jeune homme a «mené des activités liées au Hamas, une organisation désignée comme terroriste», a affirmé sans plus de précision Tricia McLaughlin, une porte-parole du département de la Sécurité intérieure.

La procédure d’expulsion qui le vise a été suspendue lundi par un juge new-yorkais dans l’attente d’une audience mercredi, selon un document judiciaire consulté par l’AFP.

«C’est la première arrestation et il y en aura beaucoup d’autres», a menacé Donald Trump sur son réseau Truth Social.

«Nous savons qu’il y a d’autres étudiants à Columbia et dans d’autres universités qui ont participé à des activités proterroristes, antisémites, anti-américaines et le gouvernement Trump ne le tolérera pas (...) Nous allons trouver, arrêter et expulser ces sympathisants terroristes», a poursuivi le président américain.

Arrest of pro-Palestinian activist sparks outrage, Trump says 'first of many' Protesters ... https://www.al-monitor.com/originals/2025/03/arrest-pro-palestinian-activist-sparks-outrage-trump-says-first-many Event Attributes

[image or embed]

— Trump (@Trump.activitypub.awakari.com.ap.brid.gy) 11 mars 2025 à 03:05

«Enlèvement»

Lundi après-midi, plus d’un millier de manifestants se sont rassemblés à Manhattan pour crier en choeur leur « honte » de l’université Columbia et des autorités.

«C’est un enlèvement» plus qu’une arrestation, a dénoncé Tobi (elle refuse de donner son patronyme par crainte de représailles), ancienne étudiante de Columbia qui a participé aux manifestations sur le campus avant la «militarisation» du site, désormais inaccessible au public.

«C’est scandaleux de cibler des militants, ça crée un dangereux précédent. Donc je vais résister vigoureusement», a-t-elle expliqué.

L’arrestation a choqué bien au-delà du cercle militant par son caractère «sans précédent, illégal et anti-Américain», a dénoncé l’organisation de défense des droits humains ACLU, assurant à l’instar de l’avocate de Mahmoud Khalil que ce dernier est «titulaire de la carte verte» de résident permanent.

Selon ses soutiens, il a été arrêté dans la nuit de samedi à dimanche dans une résidence étudiante de Columbia où il rentrait avec sa femme enceinte.

Un «tournant» qui a pour «objectif de faire peur», a estimé Donna Lieberman, qui préside la branche new-yorkaise de l’ACLU.

«Si Mahmoud Khalil peut se voir retirer son statut de résident permanent (...) alors aucun immigré ou étudiant international d’aucun campus américain n’est en sécurité», s’est également inquiétée la Coalition d’étudiants pour la solidarité avec la Palestine de Columbia.

Le mouvement a dénoncé «le silence inquiétant» de l’université, qui n’a pas commenté l’arrestation.

«Prisonnier politique»

L’institution est dans le collimateur de Donald Trump. Le président américain, qui a par ailleurs menacé de prendre le contrôle de Gaza, a ciblé les universités où se déroulent ces manifestations.

Vendredi dernier, son administration a fait un exemple avec la plus emblématique d’entre elles, et annoncé la suppression de 400 millions de dollars de subventions à Columbia, qu’elle a accusé d’inaction face à «des actes antisémites».

Depuis l’annonce de l’interpellation, «des étudiants nous disent qu’ils ont peur de venir sur le campus», observe Joseph Howley, professeur à Columbia qui a vu émerger l’ex-étudiant comme «négociateur» et «porte-parole» du mouvement au moment où les étudiants avaient installé un campement sur la pelouse universitaire au printemps 2024.

Mahmoud Khalil est «devenu un prisonnier politique», estime pour sa part Michael Thaddeus, parmi la cinquantaine de professeurs qui ont exprimé leur inquiétude lundi lors d’une conférence de presse, alors que Donald Trump a rappelé qu’il attendait «de toutes les universités américaines qu’elles suivent les règles».

Pour le professeur de mathématiques, l’arrestation est destinée à «faire trembler» le monde universitaire.

L’affaire a fait réagir jusqu’au Nations unies, qui ont souligné «l’importance du respect du droit à la liberté d’expression», tandis qu’une pétition appelant à la libération de Mahmoud Khalil a recueilli 1,7 million de signatures en ligne.

«Le message qu’ils (au gouvernement) envoient, c’est que personne n’est protégé», avertit lors de la manifestation Murad Awawdeh, président de la New York immigration coalition. Comme les autres organisations appelant à manifester, le responsable associatif voit dans ce coup de filet «anticonstitutionnel» les prémices d’un pouvoir «fasciste».

Par Le360 (avec AFP)
Le 11/03/2025 à 08h09

Bienvenue dans l’espace commentaire

Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.

Lire notre charte

VOS RÉACTIONS

0/800