Le président du Venezuela, Nicolas Maduro, devait effectuer une "escale technique" samedi 9 septembre à Alger, s'empressait à "préciser" l'agence de presse algérienne, APS, porte-voix officiel du clan Bouteflika. Mais la supposée "escale technique" du président de la république bolivarienne, a finalement duré trois jours, samedi 9, dimanche 10 et lundi 11 septembre! Trois jours, à l'évidence, c'est beaucoup pour l'"escale technique" que devait faire le président de la république bolivarienne "amie et alliée" de la république démocratique populaire algérienne! Trop même pour le chef d'Etat d'un pays, soit le Venezuela, en faillite et où les émeutes continuent de faire rage. Mais passons, car le dictateur n'a pas fait le déplacement à Alger pour une "escale technique", comme s'échinait à le faire croire l'APS. Notre confrère "El Watan" a évoqué plutôt "une visite de travail" et constate que, "après trois jours d'attente, la rencontre (prévue) entre le président Bouteflika et son homologue vénézuélien, pourtant inévitable sur le plan protocolaire, n'a pas eu lieu"!
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Vous avez bien lu: "la rencontre (prévue) entre le président Bouteflika et son homologue vénézuélien n'a pas eu lieu"! Pas plus, d'ailleurs, qu'avec la chancelière allemande, Angela Merkel, qui a dû annuler à la dernière minute sa visite à Alger, le 20 février 2017, suivie du président de la république islamique d'Iran, Hassan Rohani, le 19 mars 2017, ou plus encore le président de la république française, Emmanuel Macron, qui a beau multiplier les appels d'air pour une visite d'Etat en Algérie, en vain! La seule fois où le président Bouteflika s'est manifesté pour recevoir un chef d'Etat étranger, c'était le 28 mars 2017, quand il est apparu, complètement amoindri, aux côtés du président de la république du Congo-Brazzaville, Sassou Nguesso! Une apparition que le clan présidentiel aurait peut-être regrettée, car elle n'a fait que raviver la polémique sur l'état de santé du "président-fantôme". Et comme pour calmer les voix qui sont de plus en plus nombreuses à brandir l'article 102 pour la destitution du président-malade, à l'instar du parti de l'opposition "Jil Jadid" de Soufiane Jilali, le clan présidentiel s'est hasardé à "exposer", en l'espace de 10 secondes ni plus ni moins, sous l'oeil torve de la caméra de l'ENTV (télévision publique), à l'occasion du bref conseil des ministres (6 septembre courant), le deuxième qu'ait "présidé" son excellence le président de la République durant l'année 2017! Plans de coupe, zooms arrière, où même les lustres ont eu droit à des images, entres autres subterfuges utilisés pour tenter de convaincre de la capacité (imaginaire) de Bouteflika à gouverner 40 millions d'Algériens!
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Que le président du Venezuela ait été planté comme un chou, trois jours à Alger, cela n'est pas fortuit. "La visite officielle de trois jours de Nicolas Maduro à Alger a montré l’incapacité du président à recevoir un haut responsable étranger. Le président vénézuélien est reparti sans obtenir même la plus courte des audiences avec le premier magistrat du pays", remarque notre confrère "Le Matin d'Algérie".
Une quarantine de diplomates attendent... d'être reçus par Bouteflika!
"Des dizaines d’ambassadeurs, notamment de grandes puissances n’ont pu remettre leurs lettres de créances", relève aussi "Le Matin d'Algérie". Parmi ces ambassadeurs, figurent ceux de la France, des Etats-Unis, de la Russie, la Pologne, l’Espagne, la Belgique et d’autres encore... "Ils attendent toujours de remettre leurs lettres de créance aux mains du chef de l'Etat comme l'exige le protocole", note notre confrère El Watan.
"Pour d’autres ambassadeurs, c’est encore plus compliqué, ceux qui ont leur résidence à Alger et accrédités dans d’autres pays. Comme les ambassadeurs du Niger, du Tchad, le Burkina Faso ou le Mali n’ayant pas présenté leurs lettres de créance au président algérien, ils ne peuvent donc pas non plus rencontrer les chefs d’Etat des autres pays dans lesquels ils sont accrédités", ajoute El Watan.
Combien d'autres preuves faut-il aussi administrer pour démontrer la paralysie qui affecte l'Etat algérien, ou ce qui en reste, à tous les étages de son fonctionnement? Les déclarations lénifiantes faites par l'entourage proche du président, à leur tête Ahmed Ouyahia (inamovible chef de gouvernement) ou encore Ould Abbas (chef du FLN, au pouvoir depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962), pour ne pas parler de Saïd Bouteflika, candidat à la succession de son propre frère!, ont-elles un sens dès lors que son excellence le président de la République disparaît complètement des écrans radars?
Le constat est sans appel. "La vacance du pouvoir grève sérieusement la bonne marche du pays. La grave maladie dont est atteint le président, depuis avril 2013, paralyse les institutions de l’Etat. Il est de notoriété publique qu'Abdelaziz Bouteflika ne reçoit plus aucun ministre, ni dirigeant étranger, ne voyage plus et ne fait plus aucune sortie sur le terrain. Des tâches auxquelles se consacre tout chef d'Etat de par le monde", diagnostique notre confrère "le Matin d'Algérie".
Algérie: pronostic vital engagé?
Et tant qu'à parler de diagnostic, il faut bien avouer que celui, vital, de l'Algérie est désormais engagé. L'Etat algérien est en déliquescence avancée. Les recettes de ce même Etat, si tant est qu'il faille ainsi l'appeler, ont fondu comme neige au soleil. Le Fonds de régulation des recettes (FRR), de 200 milliards de dollars en 2014, a été réduit de moitié (100 milliards de dollars). Quand on sait que ce Fonds ne doit son "existence" qu'aux revenus pétroliers (98% des exportations et 60% des recettes de l'Etat algérien), que les cours des hydrocarbures ont basculé en dessous de la barre des 50 dollars le baril, l'on peut en effet craindre, la main sur le coeur, que malheur n'arrive au peuple algérien frère, déjà livré en pâture à la cherté de la vie, au chômage dont le taux a franchi le seuil record de 25%...
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Pendant ce temps, l'oligarchie militaire continue de passer des contrats d'armement avec tout ce que cela implique en termes de rétrocommissions qui vont dans les poches de généraux convertis en hommes d'affaires, ainsi que dans celles de leurs progénitures! Plus encore, il est à craindre que, eu égard à la vacance institutionnelle, le chef d'état-major de l'armée algérienne, ne s'empare du pouvoir, à la faveur d'un "putsch" aux lendemains incertains. Gaïd Salah, puisque c'est de lui qu'il s'agit, n'en rate d'ailleurs pas une pour se mettre en avant et se positionner en tant que futur président. Saïd Bouteflika, lui, non seulement est sorti de sa réserve que lui impose son statut de "conseiller personnel" auprès de son frère-président, il occupe désormais l'espace public et lorgne ouvertement le très convoité fauteuil présidentiel. Entre l'un et l'autre, des voix commencent à gronder pour réclamer la destitution de Bouteflika. Pour les faire taire, "le clan Bouteflika s'emploie depuis quelques jours à préparer une offensive médiatique en utilisant ses nombreux relais contre les opposants les plus virulents", s'inquiète "Le Matin d'Algérie", en mettant en garde contre "un grabuge"! "Grabuge", c'est un euphémisme compte tenu de la gravité de la situation qui ne concerne pas que l'Algérie. En cas de chute de l'Etat algérien, ses effets se ressentiront dans toute la région.