Cet avertissement figure dans une lettre datée de dimanche et adressée aux autorités israéliennes par les ministres américains des Affaires étrangères et de la Défense, Antony Blinken et Lloyd Austin, dans laquelle ils déplorent le faible niveau actuel d’aide humanitaire pour le territoire palestinien dévasté par un an de guerre.
Dans leur lettre, MM. Blinken et Austin ont indiqué «clairement au gouvernement d’Israël qu’il y avait des changements à faire pour que le niveau de l’aide apportée à Gaza remonte par rapport aux niveaux très, très bas d’aujourd’hui», a affirmé à la presse le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller, en révélant le contenu de la lettre.
La loi américaine exige que les bénéficiaires de l’aide militaire américaine ne refusent ni n’entravent «arbitrairement» l’acheminement de l’aide humanitaire américaine. À défaut, les Etats-Unis doivent suspendre leur aide.
Le président américain Joe Biden avait déjà menacé de suspendre l’aide américaine au printemps dernier, au vu de la situation humanitaire et des pertes civiles à Gaza, sans toutefois mettre sa menace à exécution à l’exception d’une livraison de bombes au moment de l’offensive à Rafah, dans le sud du territoire palestinien.
Le département d’Etat, habilité à déterminer si un pays respecte la loi américaine ou non, s’est refusé mardi à dire explicitement si Israël bloquait l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza.
Mais «nous espérons qu’Israël procédera aux changements que nous avons décrits et que nous avons recommandés, et que ces changements se traduiront par une augmentation spectaculaire de l’aide humanitaire», a dit M. Miller.
La lettre évoque, par exemple, la nécessité pour Israël de laisser entrer jusqu’à 350 camions d’aide humanitaire par jour, d’ouvrir un cinquième point de passage vers la bande de Gaza et de limiter les ordres d’évacuation au strict nécessaire.
Bombardements à Beyrouth
De larges zones du territoire palestinien ont été dévastées par la guerre menée par Israël en représailles au massacre du Hamas sur son territoire le 7 octobre 2023.
Et les forces israéliennes mènent depuis le 6 octobre une offensive dans le nord du territoire palestinien, notamment à Jabalia, où, selon elles, le Hamas tente de reconstituer ses forces.
L’ONU a estimé mardi que la population de la bande de Gaza était confrontée aux pires restrictions limitant l’aide humanitaire depuis un an.
L’avertissement américain intervient alors que le Pentagone a annoncé dimanche le déploiement en Israël d’un système de défense antimissiles à haute altitude THAAD, qui sera manoeuvré par des militaires des Etats-Unis, après des attaques de missiles par l’Iran.
Les Etats-Unis, premier partenaire militaire et politique d’Israël, lui ont apporté un soutien quasi sans faille, tout en déplorant la conduite de la guerre par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, et le nombre de victimes civiles.
Par ailleurs, s’agissant des opérations militaires israéliennes contre le Hezbollah au Liban, les Etats-Unis ont pour la première fois mardi explicitement critiqué les récents bombardements ayant visé la capitale Beyrouth.
«Nous avons clairement fait savoir à Israël que nous nous opposons à la campagne de bombardements lancée ces dernières semaines à Beyrouth», a déclaré le porte-parole du département d’Etat, en soulignant que ces frappes avaient baissé en intensité ces derniers jours.
Les Etats-Unis n’appellent pas directement à un cessez-le-feu au Liban et disent soutenir des opérations israéliennes ciblées contre le Hezbollah mais s’inquiètent d’un scénario à la Gaza.
Après un an d’échange de tirs transfrontaliers, Israël et le Hezbollah libanais, un allié du Hamas palestinien, sont entrés en guerre ouverte. L’armée israélienne mène depuis le 30 septembre une offensive terrestre contre le mouvement pro-iranien dans le sud du Liban, accompagnée de frappes aériennes.