Alger est-elle réellement intéressée par un règlement politique du conflit saharien? C'est l'impression que l'émissaire du président Abdelaziz Bouteflika, le Premier ministre Ahmed Ouyahia, a tenté de véhiculer dans un discours lu au nom de «Fakhamatohou» ce lundi 29 janvier, au titre de l'examen du rapport du Conseil Paix et sécurité, à l'occasion du 30e sommet de l'Union africaine, à Addis-Abeba. «Alger espère que les deux parties coopèrent pleinement» avec le nouvel émissaire du SG de l'ONU pour le Sahara, Horst Köhler, a-t-il lu.
Un discours qui, au fond, cache des pratiques peu saines de la part d'Alger, véritable obstacle à tout règlement politique de ce conflit plus que quarantenaire. Parlons clair, parlons vrai: si le processus de Manhasset, engagé en 2007, sur la base de l'offre marocaine d'autonomie, est bloqué depuis 2012, c'est en raison de la position contreproductive d'Alger et accessoirement du Polisario, dont elle continue de tirer les ficelles, prônant la thèse de «l'indépendance» quoique «irréaliste» et «irréalisable» de l'aveu même des Nations unies. L'ancien médiateur néerlandais Peter van Walsum avait en effet mis le doigt sur la plaie en déclarant, en 2008, que cette option était «irréaliste».
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De qui le Premier ministre algérien se moque-t-il, alors? Une chose est sûre: Alger est «partie prenante» au conflit. Et ce n'est surtout pas la résolution 2351, adoptée fin avril 2017 par le Conseil de sécurité, qui dira le contraire.
Le conflit n'est pas tant avec le Polisario qu'avec Alger, qui continue de financer, d'armer et de soutenir diplomatiquement le Front séparatiste pour des raisons que tout le monde connaît.
Personne n'est donc dupe du jeu de marionnettiste auquel se livre l'émissaire de Bouteflika, ainsi que ses maîtres galonnés tapis au Club des Pins, à Alger. Ouyahia a poussé l'outrecuidance jusqu'à insister pour un rôle de l'UA dans les efforts de l'ONU. «L’Algérie considère que l’Union africaine demeure historiquement saisie de la question du Sahara occidental. L’Union africaine demeure politiquement saisie de ce même dossier, conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale de l’ONU», a-t-il encore prétendu, à Addis-Abeba. Une prétention qui occulte mal une énième tentative algéroise insidieuse pour brouiller les pistes et aggraver l'enlisement d'une solution à ce vieux conflit.
Intervenant lundi 29 janvier, au titre de l’examen du rapport du Conseil Paix et sécurité, relevant de l’Union africaine, le représentant du président Bouteflika, Ahmed Ouyahia, a émis l’espoir que «les deux parties coopèrent pleinement» avec le nouvel émissaire du SG de l’ONU pour le Sahara. Alors pourquoi Alger fait-elle obstruction au règlement du conflit?
Au sujet du Sahara occidental, le Premier ministre a rappelé que «l’Algérie considère que l’Union africaine demeure historiquement saisie de la question du Sahara occidental. L’Union africaine demeure politiquement saisie de ce même dossier conformément aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale de l’ONU», a affirmé Ouyahia, ajoutant que l’Algérie nourrit «l’espoir que le nouveau représentant personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental bénéficiera de la pleine coopération des deux parties pour le règlement de cette question, conformément aux résolutions des Nations unies».
Le Premier ministre Ahmed Ouyahia s’est félicité ce lundi, au 30e sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba (Éthiopie), des «avancées indéniables» réalisées dans le domaine de la paix et de la sécurité dans plusieurs régions d’Afrique, regrettant cependant la «persistance de foyers de crises et de tension sur le continent», rapporte la radio nationale.
Ouyahia a notamment souligné les «avancées notables» effectuées au Mali, avec lequel l’Algérie «poursuit une coopération exemplaire dans le suivi de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation». «Nous encourageons les pourparlers qui se poursuivent entre les parties maliennes. Nous espérons aussi arriver à des solutions rapides en ce qui concerne l’intégration des éléments des mouvements, la mise en place des patrouilles mixtes de sécurité et l’administration des collectivités locales au nord du Mali», a affirmé le Premier ministre, intervenant au titre de l’examen du rapport du Conseil de paix et sécurité.