Depuis que le PJD est à la tête du gouvernement, il est miné par des conflits internes et a connu de violentes secousses. Mais, depuis le débat du mandat de l’actuel gouvernement, les tensions ont monté d’un cran et les crises se sont intensifiées. Et ce, au point que le parti se trouve aujourd’hui, à quelques mois des prochaines élections générales, à la croisée des chemins, commente le quotidien Al Akhbar qui consacre une longue analyse à la débâcle du parti islamiste dans sont édition du lundi 30 novembre.
D’après le quotidien, la situation au sein de ce parti qui dirige le gouvernement en est au point de non retour. Ce qui a poussé le clan proche de Benkirane, l’ancien secrétaire général déchu, à réclamer la tenue d’un congrès extraordinaire avant les prochaines élections qui auront lieu en septembre de l’année prochaine. Depuis que le parti est au pouvoir, poursuit le quotidien, il a connu beaucoup de secousses internes plus ou moins intenses qui finissent le plus souvent par des démission ou des renvois individuels ou collectifs, ou carrément par la dissolution des antennes locales ou régionales.
Cela s’est passé dans plusieurs villes, précise le quotidien, ce qui soulève beaucoup d’interrogations sur la réalité de la démocratie interne au sein de ce parti, mais aussi sur ses méthodes de gestion de la diversité des opinions. C’est sans conteste le parti le plus rigide et le plus ferme en termes d’organisation. Laquelle organisation, indique Al Akhbar, est d’ailleurs calquée sur celles des autres mouvements de l’islam politique, comme l’organisation internationale des «Frères musulmans», mais aussi celle de la «Jeunesse islamique» d’Abdelkrim Moutiî.
L’organisation est sans doute le point fort de ce parti, mais elle est aussi son talon d’Achille parce que, justement, trop rigide pour admettre la diversité des opinions et des positions. C’est sans doute pour cela que le parti en est aujourd’hui au point où un clan demande la tenue d’un congrès pour évincer l’autre de sa direction. En fait, précise Al Akhbar, c’est le conseiller parlementaire et vice-président du conseil national, Abdelali Hamieddine, connu pour sa proximité avec Benkirane, qui a incité la jeunesse du parti à réclamer la tenue d’un congrès extraordinaire pour renvoyer l’actuelle direction.
Pour ce membre du secrétariat général, c’est l’actuelle direction, à elle seule, qui doit assumer la responsabilité des contre-performances du gouvernement. Elle a agi selon sa propre lecture de la conjoncture actuelle, estime-t-il. Le parti ne doit donc être tenu pour responsable que pour son premier mandat à la tête du gouvernement, a-t-il souligné, suggérant la tenue d’un congrès extraordinaire, s’il le faut, pour rectifier le tir. Pour ce dirigeant, poursuit Al Akhbar, le PJD ne peut devenir un parti influent sur la scène politique s’il n’est d’abord un parti fort et uni, avec une direction forte qui dispose d’une vision claire des choses.
Ce qui n’est, semble-t-il, pas le cas, puisqu’il n’y a plus lieu de parler d’un parti uni. Et à plus forte raison depuis qu’une pétition, avec des centaines de signatures, a atterri, il y a quelques semaines, devant la direction du parti et devant la présidence de son conseil national, avec une demande claire d’organisation d’un congrès. Le parti tablait sur une réunion extraordinaire du conseil national pour contenir la colère des signataires et régler le problème une fois pour toute. Cela n’a pas été le cas. Les signataires de la pétition continuent d’exiger l’activation de l’article 24 du règlement intérieur. Lequel article autorise le conseil national à réunir un congrès extraordinaire, sur demande du tiers de ses membres.