Invité à cet échange aux côtés de l’ambassadrice Jessye Lapenn, coordinatrice principale des États-Unis pour la coopération Atlantique, l’ambassadeur du Maroc aux États-Unis, Youssef Amrani, a mis en avant plusieurs dimensions «de la vision résolue portée par le roi Mohammed VI envers l’espace atlantique», déclinant les modalités des engagements et des initiatives pilotées par le Royaume au sein «de cet espace pivot qui gagne à la fois en pertinence politique, en importance économique et en centralité sécuritaire».
«Plus qu’une priorité diplomatique, l’Atlantique est un engagement de raison et un choix de responsabilité par le moyen duquel le Royaume entend apporter sa pleine contribution pour faire avancer la paix, la prospérité et la coopération en Afrique et au-delà», a-t-il soutenu lors de cet échange animé par la directrice Afrique d’Atlantic Council, Rama Yade.
Cadrant en ces mots la transversalité de la perspective marocaine, Youssef Amrani a rappelé le caractère «ancré, profond et ancien» des synergies atlantistes promues par le Royaume, soulignant que notre façade maritime «a défini dans une large mesure l’histoire et l’identité du Maroc en cristallisant en son sein un héritage géopolitique qui induit une façon particulière d’apprivoiser le monde qui nous entoure».
Par la volonté des choses, l’Atlantique a toujours été dans la doctrine marocaine «un espace d’ouverture et d’opportunité qui lie notre destin à celui d’un voisinage avec qui nous partageons les mêmes préoccupations, les mêmes aspirations et les mêmes défis», a-t-il dit. C’est d’ailleurs «cette convergence bien comprise des destins», souligne l’ambassadeur, qui fait toute la cohérence de l’intégration atlantique et qui «nous impose d’entrevoir les chemins d’une interaction plus approfondie et efficiente pour répondre ensemble aux enjeux multiples qui prolifèrent sur une scène internationale sujette à toutes les incertitudes».
L’Initiative atlantique, «une démarche de coopération Sud-Sud élargie»
Un espace atlantique intégré constitue «un vecteur de confiance, qui offre de la stabilité et de la visibilité politique à long terme, constituant ainsi une boussole pour les nations atlantistes qui souhaitent faire de leur flanc maritime commun un socle qui les élève au rang de nations partenaires». Il a évoqué en ce sens les efforts du Maroc pour promouvoir un ordre international durable, loin des clivages et des tensions, affirmant que «le principe d’un multilatéralisme efficient a toujours présidé à l’action du Royaume au sein de l’espace atlantique, comme en témoigne la multiplicité des actions stratégiques en cours dans la région».
«Alors que certains se limitent à une gestion de crise ponctuelle, le Maroc construit dans l’espace Atlantique des ponts qui apportent des solutions durables pour nos destins entrecroisés», a dit Youssef Amrani qui a relevé que le rapprochement des pays africains de l’Atlantique, catalysé par le processus ministériel lancé à Rabat, participe de cette vision intégrée.
Il a mentionné dans ce sens les réunions ministérielles organisées à Rabat et à New York, ainsi que l’adoption récente d’un plan d’action «par lequel les États africains riverains couvrent une série de priorités communes telles que la lutte contre le terrorisme, le crime organisé, la piraterie maritime et l’immigration illégale, mais également et surtout l’économie bleue, l’énergie et la connectivité».
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Dans le cadre cette projection stratégique, l’Initiative atlantique du roi se décline par une vision qui s’étend, au-delà de l’espace exclusivement Atlantique pour s’inscrire dans une démarche de coopération Sud-Sud élargie. En dénote, «l’Initiative pour faciliter l’accès des pays du Sahel à l’Atlantique, intégrant ces États dans le système économique mondial en améliorant leur accès aux routes maritimes. Une démarche empreinte d’une volonté assumée et indéfectible du Maroc pour contribuer à apporter des solutions concrètes, focalisées sur des résultats probants avec un impact direct pour les populations et citoyens africains de tout bord», a affirmé l’ambassadeur.
«Repenser la coopération avec le Sud à l’aune des nouvelles données géostratégiques»
Sur cette dernière dimension de la connectivité, l’ambassadeur a mis en perspective «l’importance de projets d’infrastructure comme le Port de Dakhla et le gazoduc Nigéria-Maroc, qui améliorent l’intégration régionale et la prospérité partagée, démontrant s’il le fallait une fois de plus, l’engagement indéfectible du Maroc à développer des corridors intra-africains bénéfiques à toute la région atlantique avec une perspective d’ouverture intégrée sur le voisinage».
Insistant sur la nécessité de promouvoir de nouveaux canaux d’intégration régionale, l’ambassadeur a regretté que l’Union du Maghreb arabe n’ait pas, en dépit de ses mécanismes existants et de ses potentialités certaines, joué son rôle de support et de soutien aux perspectives de co-développement dans la région. Se penchant sur la dimension transatlantique de ce partenariat, Youssef Amrani a souligné «la solidité et la constance des relations entre le Maroc et les États-Unis, bâties sur des valeurs et des principes partagés».
Il a réaffirmé l’engagement plein du Maroc en tant que partenaire fiable à poursuivre les élans engagés en exprimant son vif optimisme quant à l’avenir de la coopération transatlantique. Un appel que l’ambassadeur a mis en relief avec l’agenda du prochain sommet de l’OTAN prévu à Washington, soulignant que «repenser la coopération avec le Sud à l’aune des nouvelles donnes géostratégiques est un exercice qui s’impose avec beaucoup d’acuité, pour inscrire l’Afrique plus au centre de l’agenda de nos partenaires internationaux».
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Dans son intervention, l’ambassadeur Jessye Lapenn a félicité le Royaume pour son leadership et son engagement constant à promouvoir l’espace atlantique. Elle a salué l’initiative du roi, rappelant les valeurs partagées qui sous-tendent l’émergence d’une identité atlantique commune. La responsable américaine a exhorté les États membres à collaborer étroitement pour surmonter les défis communs et saisir les opportunités de développement intégré.
Poursuivant sur cette lancée, Jessye Lapenn a insisté sur l’importance d’assurer la durabilité des ressources de l’océan Atlantique. Le Partenariat pour la coopération atlantique se consacre, d’après elle, sur «la résolution collective des défis communs et l’avancement des principes partagés de la coopération, tels qu’incarnés dans la Déclaration sur la Coopération Atlantique adoptée à New York en septembre 2023». Elle s’est référée à ce partenariat comme un modèle réussi qui unit les pays côtiers de l’Atlantique d’Afrique, des Amériques, d’Europe et des Caraïbes, favorisant la coopération régionale, la gouvernance maritime, les économies océaniques durables et la lutte contre les défis climatiques.
Cet événement a souligné le rôle crucial de la région atlantique dans le renforcement des relations entre les États-Unis et l’Afrique. À travers ces initiatives, le Maroc et ses partenaires s’engagent résolument à bâtir une alliance atlantique cohésive et proactive, capable de naviguer dans les complexités du 21ème siècle.