Entre le ministre de la Pêche maritime et son homologue de l’Equipement et des Transports, le courant ne passe plus. En cause, cette surexploitation du sable marin "bénie" par le ministre PJD Abdelaziz Rebbah mais vivement décriée par son homologue de la Pêche maritime Aziz Akhannouch, révèle Al Massae, dans son édition de mercredi 24 septembre. "Le dragage du sable marin provoque une guerre entre Akhannouch et Rebbah", titre le quotidien, en indiquant que, finalement, "le ministre Akhannouch a associé sa voix à celles qui s’opposent à l’octroi de nouveaux agréments pour l’exploitation du sable marin et mettent en garde contre les effets néfastes, voire dangereux, que cela pourrait engendrer sur l’environnement et la vie maritime". En déclenchant ce dispositif d’alerte, le temps d’un passage au Parlement, le ministre Akhannouch aura simplement dit tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. N’ayons pas peur des mots : une véritable catastrophe écologique guette le Maroc et une sérieuse menace plane sur la sécurité alimentaire des Marocains, sachant que les ressources halieutiques constituent l’une des principales denrées alimentaires pour des millions de Marocains. Une vérité que n’a pas manqué d’établir l’Institut national de recherche halieutique (INRH), cité par le ministre Akhannouch. "Le dragage du sable marin cause des dégâts énormes à l’environnement et à la vie marine, à travers la destruction des équilibres écologiques nécessaires à la reproduction des poissons", avait alerté l’INRH, en ajoutant que "le dragage influe très négativement sur le niveau socioéconomique des riverains, des pêcheurs et autres plongeurs". C’est cette vérité établie par les experts de l’INRH que le ministre a arborée en guise de réponse à une question écrite adressée récemment au ministre de la Pêche maritime par un député istiqlalien, en l’occurrence Adil Benhamza.
PJD/AKP, y a-t-il anguille sous roche ?
Seulement voilà, ce n’est pas de cet œil inquiet que le ministre Rebbah semble voir cette réalité. Pour preuve, l’appel d’offres lancé pour l’octroi de nouveaux agréments pour la "surexploitation" du sable marin. Une "initiative" accueillie avec autant de défiance par les professionnels du secteur que parmi les heureux bénéficiaires figureraient des sociétés turques spécialisées dans le dragage du sable marin, relève le quotidien Al Massae. Face à cette situation, surgit la question : Le PJD marocain ne voudrait-il pas "flirter" avec le parti islamique turc (l'AKP, au pouvoir) ? Une hypothèse qui n’a pas manqué de mettre la puce à l’oreille du commun des parlementaires, qui n’y sont pas allés de main morte. "Une commission de prospection avait été dépêchée, la semaine dernière, par le Parlement afin de s’enquérir des travaux de dragage en cours dans le littoral de Mehdia et de Larache", indique Al Massae.
Revenant à Aziz Akhannouch, le quotidien a rappelé que le ministre de la Pêche avait déjà saisi par écrit son homologue Rebbah au sujet de l’appel d’offres controversé en lui demandant de s’abstenir d’autoriser le dragage au moins dans le site de Tahaddart, le sud et le nord du Grand Casablanca et le nord d’Essaouira. Mais voilà, il s’avère que les SOS jusqu’ici lancés n’ont eu aucun effet. Comme une bouteille jetée à la mer.