La situation s'enflamme, à Al Hoceima. La polémique autour des revendications sociales, qui fait les choux gras des médias depuis bientôt six mois, semble en effet s'envenimer. Certains vont même jusqu'à parler d'instrumentalisation à des fins non avouées.
La question, qui divise la classe politique nationale, divise également les contestataires sur les lieux.Du côté de la coalition gouvernementale, des leaders de la majorité se sont exprimés, dimanche, à propos des manifestations avant de diffuser, le lendemain même, un communiqué mettant en avant «la nécessité de traiter les revendications sociales des habitants des régions du Rif, de manière à répondre à leurs besoins et à leur droit à une vie décente».Du côté de l’opposition, le Parti authenticité et modernité (PAM) a opté pour la voie de la retenue et du dialogue, tandis que le Parti de l’Istiqlal (PI) est monté au créneau, appelant à la constitution d’une commission d’enquête parlementaire, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce mercredi 17 mai.
«Calme à Rabat et escalade à Al Hoceima», titre ainsi le quotidien qui rappelle le fil des événements, affirmant que les manifestants eux-mêmes sont divisés sur le terrain. En effet, le leader de la contestation, Nasser Zefezafi, qui a appelé, jeudi, à une grève générale en réaction au communiqué de la majorité gouvernementale, ne fait plus l’unanimité dans la région. Bien plus, des membres de la commission de suivi des manifestations l’accusent, aujourd’hui, d’avoir pris en otage les revendications sociales des habitants en refusant le dialogue avec les autorités compétentes. Pire encore, ils lui reprochent d’avoir mis la main sur des subventions que des particuliers auraient accordées à la commission en question. Le comble est qu’il leur répliquait, à ce sujet, qu’il s'agissait de dons qui lui avaient été octroyés.
En plus de cet échange d’accusations entre les leaders des manifestations, le quotidien fait remarquer que même certains élus locaux œuvrent et manœuvrent pour attiser les tensions et exploiter le mouvement de colère des habitants à des fins purement politiques.
Les revendications sociales des habitants seraient donc manipulées et exploitées par certains leaders du Hirak (la mobilisation), certains élus locaux et même des parties étrangères, notamment «le mouvement pour l’indépendance de la république du Rif», actif en Suède, en Hollande et en Belgique.S’appuyant sur des sources locales, le quotidien affirme que Nasser Zefzafi aurait des contacts avec des membres de ce «mouvement», rencontrés lors la libération de Mohamed Jelloul, condamné à une peine de cinq ans de réclusion criminelle pour son implication dans les événements de Bni Bouayyach, en 2012.
La commission d’enquête parlementaire, à laquelle a appelé le groupe parlementaire du parti de l’Istiqlal à la Chambre des représentants, devrait permettre de faire la lumière sur ces manipulations.