Le ministre de l’Industrie et du commerce, Moulay Hafid Elalamy, a menacé de présenter sa démission si, dit-il, certains politiques continuent à perturber les négociations difficiles qu’il mène pour la révision de l’accord de libre-échange avec la Turquie. Certains parlementaires et dirigeants de parti, précise-t-il, en faisant allusion au PJD, s’entêtent à défendre les intérêts d’autres pays.
Visiblement très contrarié, le ministre s’est adressé aux parlementaire en les fustigeant: «Arrêtez de dire des bêtises car vous poussez les citoyens à croire à vos balivernes et du coup à entraver le travail du gouvernement». Lors d’une réunion houleuse de la commission des secteurs productifs, tenue mercredi dernier, le ministre a récusé toute discussion sur l’accord de libre-échange avec la Turquie avec une vision politique étroite en martelant: «Laissez-moi faire mon travail en défendant les intérêts de mon pays sinon je quitterais la scène».
D’autant plus, ajoute-t-il, que plusieurs étapes ont été franchies dans les négociations avec les Turcs. Mais, poursuit le ministre, l’intervention de certains pour les défendre pourrait avoir un impact négatif sur le déroulement de ces négociations. Ce faisant, Elalamy a sorti l’arme du déficit commercial avec la Turquie, qui a atteint 20 milliards de dirhams. En revanche, ce pays a investi 5,4 milliards de dollars en Algérie et a causé la perte de 122.000 emplois au Maroc entre 2014 et 2017 en raison de la fermeture des sociétés de textile et de 60 épiceries à chaque ouverture d’un magasin BIM, argumente Elalamy.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du vendredi 14 février, que le ministre a indiqué qu’en l’absence de toute intervention, il a réussi à changer l’opinion du ministre de l’Economie français qui est revenu sur ses précédents propos considérés comme hostiles au Maroc. Bruno Lemaire avait, en effet, appelé à relocaliser en France les usines de Renault et de Peugeot installés au Maroc, allant même jusqu’à accuser le royaume de manipulation à travers la création de paradis fiscaux dans les zones franches industrielles.
Et Elalamy de relater le déroulement des négociations avec Bruno Le Maire: «J’ai été très ferme avec le ministre français en lui faisant savoir que ces menaces n’étaient pas sérieuses car il est impossible de relocaliser en France des usines de fabrication de voitures qui ont réussi au Maroc. Bien plus, je lui ai dit que même si il arrivait à les relocaliser, cette initiative serait vouée à l’échec car non seulement le Maroc s’est développé mais il a réalisé des progrès considérables dans ce secteur».
Toujours très remonté, le ministre de l’Industrie et du commerce a affirmé que seul le roi Mohammed VI détient le pouvoir d’orienter la position à prendre dans ces négociations. Elalamy a toutefois été contraint de retirer une expression «malvenue» qu’il a employée, provoquant l’ire des parlementaires et qui a failli saper cette réunion houleuse.