Le pouvoir algérien a toujours misé sur la crainte des Algériens de voir se reproduire la dernière guerre civile, qui opposa pouvoir et groupes terroristes. Une guerre sanglante ayant duré plus d’une décennie (du 26 décembre 1991 au 8 février 2002), faisant entre 60.000 et 150.000 morts, selon diverses sources.
Aujourd’hui, cette peur du «chaos», qu’agite régulièrement le pouvoir militaro-affairiste, s’est dissipée, rapporte une chronique du quotidien Akhbar Al Yaoum du lundi 11 mars. Le mur de la peur, qui a déjà permis à l’Algérie de regarder passer l’ouragan du «Printemps arabe», est finalement tombé à cause de la décision inique que l’on voulait imposer aux Algériens. A savoir, un 5e mandat pour un président gravement malade, qui a passé ces six dernières années alité, laissant les autres exercer le pouvoir réel, sans même la moindre procuration de sa part.
Cependant, Akhbar Al Yaoum reste sceptique quant à l’avènement d’un changement politique ou économique en profondeur. En effet, la classe dirigeante algérienne, au mieux proposera des «réformettes» pour tenter de calmer la rue ou, au pire, fera le dos rond, en attendant que la tempête baisse d’intensité.
C’est justement cette tactique du dos rond qui semble avoir été privilégiée par les marionnettistes du pouvoir algérien, selon le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, à travers la prise de décisions extravagantes qui expriment peut-être un grand désarroi. Comme celle qui consiste à envoyer élèves et étudiants en vacances avant l’heure, croyant ainsi atténuer la pression de la rue. Or cette décision n’a fait que gonfler les rangs des protestataires, qui ont quasiment doublé dans toutes les villes, d’Alger à Tindouf, et d’Oran à Annaba. Et ce d’autant plus que, parallèlement, le mot d’ordre de grève générale lancé pour le samedi a été une réussite.
Confronté à une troisième semaine de contestations, à travers des manifestations de masse bien organisées et continues, le pouvoir algérien a poussé l’extravagance jusqu’à menacer les protestataires pacifiques de représailles. Ce qui ne peut être que contre-productif.
Pour sa part, le quotidien Assabah analyse la situation actuelle qui prévaut en Algérie sous l’angle de ses répercussions sur l’affaire du Sahara marocain. Sous le titre «La fin du régime de Bouteflika sonnera-t-elle le glas du Polisario ?», le journal estime que la jeunesse algérienne honnit son régime car il a aussi complètement isolé l’Algérie de tout son voisinage immédiat à cause d’une politique extérieure insensée. Assabah avance qu’à part la vieille garde du FLN, personne en Algérie, surtout au sein de la jeunesse, ne comprend pourquoi les frontières maroco-algériennes sont durablement fermées, ni les tenants et aboutissants du soutien des caciques du FLN et de l’ALN au Polisario, au détriment de l’intégrité territoriale du Maroc.