«Face à toutes ces régressions qui nous entourent, le Maroc de 2023, qui a entamé cette marche glorieuse, dit aux autres que nous restons plus que jamais dépositaires de la diversité, qui nous a nourris et forgés et qui est aujourd'hui l'un des atouts majeurs de notre pays dans le monde», a indiqué Azoulay, qui animait un cours inaugural à l'Université Abdelmalek Essaâdi (UAE) sur «Le rôle des Juifs marocains dans l'enrichissement de la mémoire collective nationale».
«Nous sommes dans un temps et dans une communauté des nations qui est en quête de repères, et les institutions internationales, qui investissent des milliards d'euros pour trouver cette réponse aux défis auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui, qui est la possibilité d'être ensemble quand on est différents», a relevé le conseiller du Roi, ajoutant que «la communauté internationale a besoin d'une boussole, et (...) cette boussole est marocaine».
Azoulay a affirmé que la société marocaine est le fruit de l'addition de toutes les civilisations qui ont trouvé accueil et longévité dans notre pays, notant que le Maroc est riche de la convergence et la fusion positive des civilisations amazighe, juive, arabo-musulmane, méditerranéenne et africaine.
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«Nous vivons un moment de lumière. Quoi de plus précieux, et quoi de plus moderne et de plus humain que d'accepter la différence? Et le Maroc est une civilisation qui n'a jamais laissé sur le bord de la route toutes les civilisations qui ont nourri, modelé et forgé notre société d'aujourd'hui», a-t-il dit, ajoutant: «On a la possibilité d'additionner toutes ces civilisations, et les autres, non seulement, ne peuvent pas le faire, mais ont un logiciel qui n'est pas celui de l'addition, mais de la soustraction, alors que notre logiciel est celui de la vraie modernité». «Il n'y a pas de modernité sociale quand elle tourne le dos à l'altérité», a lancé Azoulay, soulignant que le Maroc est dépositaire d'un héritage historique aussi riche que profondément enraciné dans l'histoire de l'humanité.
«Notre livre d'histoire contient aussi bien des moments heureux que des pages peu contrastées et des moments difficiles, parfois tragiques», a-t-il expliqué, soulignant la nécessité de se réapproprier aussi bien les pages difficiles de notre histoire que celles heureuses.
«Nous avons emprunté ce chemin de lumière, là ou beaucoup d'autres autour de nous ont choisi un chemin qui est celui de l'obscurantisme», a dit le président fondateur de l’Association Essaouira-Mogador, mettant l'accent sur l'importance de «Bayt Dakira» (la Maison de la mémoire) en tant qu'espace chargé d’histoire et des valeurs du vivre-ensemble.
Azoulay a, par ailleurs, salué le rôle important que joue l'UAE dans la transmission du savoir et la promotion de la recherche scientifique, à travers la diversité des disciplines qu'elle offre aux étudiants, soulignant l'impératif de continuer à investir dans l'éducation et la pédagogie. «L'éducation est la meilleure arme pour gagner la bataille de la raison, quand on assiste à cette résurgence de toutes les régressions et les nationalismes exacerbés qui fleurissent autour de nous», a-t-il fait savoir, assurant que cette vision occupe une place centrale dans le Maroc d'aujourd'hui.
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Pour sa part, le président de l'UAE, Bouchta El Moumeni, a souligné l'importance de cette première rencontre nationale autour du rôle des Juifs marocains dans l'enrichissement de la mémoire collective nationale, notant que ce sujet d’ordre historique fait l’objet de recherche et est enseigné dans les établissements relevant de l'université.
«Outre sa fonction de production et de diffusion du savoir, l'université est investie dans d’autres missions, dont la promotion, par son action et son rayonnement, de la culture nationale», a-t-il indiqué, rappelant que la Loi 01-00 portant organisation de l’enseignement supérieur stipule parmi ses principes et objectifs «la valorisation du patrimoine culturel marocain et le rayonnement de ses valeurs ancestrales».
El Moumni a fait observer que ce haut lieu de l’activité des élites scientifiques, intellectuelles et culturelles constitue l’espace où s’affirme l’identité nationale et s’exprime également l’esprit humaniste et les valeurs universelles, notamment les droits de l’homme, la tolérance, les libertés fondamentales et le respect de l'autre, notant que cela constitue une synthèse qui permet à une communauté nationale de communier avec l’ensemble de l’humanité.
«Dans un monde troublé et agité, nous sommes fiers de notre modèle de société, qui est le résultat d’un choix millénaire, basé sur des principes et valeurs fondamentaux fortement ancrés dans la conscience et la culture des Marocains, à savoir la tolérance, le respect mutuel, le vivre-ensemble, et l'interaction positive entre les communautés diverses», a-t-il poursuivi, relevant que d'autres rencontres périodiques sur la même thématique seront organisées dans l’avenir.
Ce forum, organisé par la commune de Tétouan et l'UAE, avec le soutien de la préfecture de Tétouan, à l'occasion de l'anniversaire de la présentation du Manifeste de l'indépendance, s'est tenu en présence notamment du gouverneur de la province de Tétouan, Younes Tazi, d'élus, d'académiciens, de responsables judiciaires, d'acteurs culturels et de la société civile, de représentants d'instances religieuses et de membres de la communauté juive marocaine. Cet événement vise à promouvoir le rayonnement culturel et l'attractivité de Tétouan, qui constitue un lieu de rencontres, d'échanges et de métissage des cultures.