Une récente réponse écrite du gouvernement espagnol à une question émanant du Sénat ressuscite un vieux et important projet du voisin ibérique dans les provinces du Sud. Il s’agit de l’ouverture d’une antenne de l’Institut Cervantes à Laâyoune. La question est signée Fernando Clavijo Batlle, sénateur du parti Coalition canarienne et ancien président du gouvernement des Canaries (2015-2019). Le gouvernement espagnol y a répondu le 14 mars dernier par l’affirmative en annonçant envisager l’ouverture d’une antenne de l’Institut, véritable vitrine de la culture espagnole dans les pays et villes où ses centres sont implantés, à l’image des Instituts français pour le pays de Voltaire.
S’il ne s’agit pas d’un centre à proprement parler, l’antenne étant une dépendance de l’Institut Cervantes de Rabat, l’information vaut son pesant d’or. Le quotidien El Pais y voit une reconnaissance implicite de la souveraineté marocaine «sur l’ancienne colonie» espagnole. On apprend également que c’est l’école espagnole La Paz de Laâyoune, dépendant du ministère de l’Éducation nationale par l’intermédiaire de l’ambassade d’Espagne au Maroc, qui pourra accueillir cette antenne. Cité par le quotidien, le directeur de l’Institut Cervantes de Rabat, José María Martínez Alonso, assure que les gouvernements espagnol et marocain attendent d’adopter une décision définitive pour son ouverture.
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Le projet date de 2013, lorsque le gouvernement espagnol de l’époque, dirigé par le Parti populaire, a proposé l’ouverture de l’antenne à Laâyoune… en même temps qu’à Tindouf. Cette fois, seule Laâyoune est concernée. La mesure a par ailleurs été annoncée lors de la réunion annuelle des directeurs des centres Cervantes, tenue en décembre dernier à Grenade.
D’aucuns s’attendaient à ce qu’elle figure dans la panoplie d’accords signés lors de la tenue, le 2 mars 2023 à Rabat, de la Réunion de haut niveau. Les deux pays y constatent d’ailleurs le dynamisme de la langue espagnole au Maroc et «s’engagent à renforcer l’apprentissage de la langue espagnole dans les écoles, collèges et lycées marocains et appellent à l’élaboration d’un plan d’action conjoint pour accompagner activement la mise en place des sections bilingues au sein du système éducatif marocain dans tous ses niveaux primaire, secondaire et supérieur». Ce n’est donc que partie remise.
Sur ses 97 centres dans le monde, l’Institut Cervantes en compte six au Maroc (Tétouan, Tanger, Rabat, Casablanca, Fès et Marrakech), en plus de six antennes mises en place dans autant d’autres villes du Royaume. Les Instituts Cervantes au Maroc comptent annuellement plus de 12.000 inscrits.