Nous avons vu dans une précédente chronique que la crise que traverse le Niger s’inscrit dans un désordre régional dont les causes sont multiples. À la base de tout se trouve le fait que l’espace sahélo-saharien, monde de contacts ouvert, a été cloisonné par des frontières artificielles qui forcent à vivre ensemble des pasteurs au nord et des agriculteurs sédentaires au sud. Ensuite, depuis une décennie environ, la région est devenue un relais pour les organisations mafieuses, 15% de la production mondiale de cocaïne transitant ainsi par le Sahara.
Parallèlement, des organisations terroristes islamistes s’y sont installées, profitant de la porosité des frontières. Trafiquants et terroristes transnationaux utilisent les anciennes structures pré-coloniales de circulation Nord-Sud. Enfin, la région est devenue une terre à prendre, ses matières premières (uranium, fer, pétrole, etc.) attirant de nouveaux acteurs comme la Chine, l’Inde, la Turquie et la Russie.
Au Niger comme au Mali, les sudistes, dans le cas présent les Songhay-Djerma-Haoussa, héritèrent de l’État post-colonial. Au mois d’avril 1974, le colonel Seïni Kountché, un Djerma, prit le pouvoir et supprima le ministère des Affaires nomades, soupçonnant les Touareg de visées séparatistes. Cette mise à l’écart des Touareg provoqua leur soulèvement et deux grands conflits.
Au mois de mai 1990, éclata ainsi la première guerre touareg. Elle était menée par le Front de libération de l’Aïr et de l’Azawagh, du nom de la vallée éponyme. Le conflit ne déboucha pas sur une victoire des insurgés, en raison des oppositions entre les clans touareg respectivement dirigés par Mano Dayak et Ghissa Ag Boula. Une triple scission résulta de cette opposition avec la naissance du groupe dit «Ténéré», dirigé par Mano Dayak et rassemblant les Iforas, du groupe dit «Aïr» avec Ghissa Ag Boula, recrutant chez les Kel Aïr, et du groupe «Azawagh» regroupant les Touareg du sud.
En 1994, les trois factions touareg se retrouvèrent dans la Coordination de la résistance armée (CRA), pour signer les accords de paix de Ouagadougou, à l’exception de Mano Dayak, qui créa l’Organisation de la résistance armée (ORA) avant de trouver la mort dans un accident d’avion le 15 décembre 1995.
En 1996 eut lieu le coup d’État du lieutenant-colonel Ibrahim Baré Maïsassara, un Haoussa, qui appliqua les accords signés en 1994. La première guerre des Touareg du Niger prit alors fin.
En 2007, au moment où, au Mali, se déroulait une 4ème guerre touareg, au Niger, débuta la seconde guerre touareg. Elle fut menée par le MNJ (Mouvement nigérien pour la justice) dirigé par Ag Ali Alambo. Mais, très rapidement, deux dissidences apparurent au sein du MNJ, le Front des forces de redressement (FFR) de Ghissa Ag Boula, et le Front patriotique nigérien (FPN) d’Aklou Sidisiki.
Le 30 août 2007, une alliance des Touareg du Mali et du Niger fut scellée par la création de l’éphémère Alliance Touareg Niger-Mali (ATNM). Puis, des négociations de paix s’ouvrirent en 2009 en Libye sous le patronage du colonel Kadhafi et le 6 octobre 2009, le MNJ et les scissionnistes du FFR et du FPN déposèrent les armes.