Guerre en Ukraine, pandémie, sécheresse. La conjoncture est difficile et ce n’est pas Aziz Akhannouch qui dira le contraire.
«Nous vivons un contexte difficile, marqué par l’incertitude et une succession de crises toutes importées. On ne maîtrise pas l’évolution et le timing des crises, mais nous déployons l’effort nécessaire pour conserver le pouvoir d’achat et préserver les emplois, dans la limite des moyens à notre disposition», a ainsi affirmé le chef de l’exécutif lors de son passage devant la Chambre des représentants, à l’occasion de la séance mensuelle des questions de politique générale.
Le chef du gouvernement a illustré ses propos en énumérant les budgets mobilisés récemment pour faire face à ces crises: 2 milliards de dirhams pour le plan de sauvetage du tourisme, 10 milliards pour le programme anti-sécheresse, 13 milliards pour rembourser les arriérés de TVA, 14 milliards pour éviter une hausse de 40% du prix de l’électricité, 3 milliards pour la subvention du sucre et 14 milliards pour le gaz butane, etc.
«Au Maroc, tous les produits sont abondamment disponibles, contrairement à d’autres pays où l’on voit des files d’attentes pour s’approvisionner en lait ou en huile de table», a ajouté le chef du gouvernement.
La valeur du dirham, a-t-il poursuivi, n’a pas été touchée et l’inflation ne dépasse guère 3,6% contrairement à la Turquie (61%), au Brésil (10%), l’Espagne (9%) ou encore l’Inde (6%).
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«Le Trésor n’a pas suspendu le remboursement de la dette. Mieux, il n’a pas contracté des prêts supplémentaires, ni fait appel à une nouvelle ligne de précaution et de liquidité (LPL)», a noté Aziz Akhannouch.
Ce dernier s'est également félicité du maintien de la notation accordée au Maroc par l’agence Standard & Poor’s qui reconnait, a-t-il dit, la capacité de résilience dont a fait preuve le Maroc face à une conjoncture difficile.
Evoquant le cas de la Samir, alors que certains partis de l’opposition (PJD, PPS) appellent à la remise en exploitation de la raffinerie de Mohammedia, le chef du gouvernement a tenu à rappeler que ce dossier est actuellement entre les mains de justice. «Nous aurions aimé voir quelqu’un reprendre la raffinerie. Le litige est actuellement devant les tribunaux nationaux et internationaux», a répondu Akhannouch.
Réagissant aux propos du député PJD, Abdellah Bouanou, qui a pointé le niveau «élevé et inexpliqué» des marges des distributeurs des carburants au Maroc, Aziz Akhannouch n’a pas voulu laisser cette remarque sans réponse.
«Il doit y avoir une erreur quelque part. Les marges actuelles se situent aux mêmes niveaux observés en 1997. Si votre objectif consiste à revenir à la subvention, mettez-vous d’accord avec le chef de votre parti», a lancé Aziz Akhannouch à l’adresse de Abdellah Bouanou, en faisant allusion à la position ferme de Abdelilah Benkirane qui, alors chef du gouvernement, avait été l’un des défenseurs de la libéralisation des carburants.
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«Certaines questions ne méritent pas de réponse. Cela fait 5 à 7 ans qu’on reprend cette cassette. Les Marocains le savent et les résultats des élections sont là pour l’attester. Vous demandez aux autres de faire en six mois ce que vous n’avez pu faire en dix ans», a affirmé Aziz Akhannouch.
Et d’ajouter: «Permettez-moi de dire la vérité aux Marocains. C’est bien le PJD qui a augmenté les prix, qui a libéralisé les carburants. Ils étaient au gouvernail pendant dix ans et n’ont pas pu sécuriser un stock stratégique national en hydrocarbures».
«Ce parti, qui parle aujourd’hui de souveraineté énergétique, est resté silencieux jusqu’au dernier moment pour annoncer la fin du contrat gazier avec l’Algérie. C’est bien cela la responsabilité?», a lancé le chef du gouvernement en pointant la responsabilité directe du gouvernement El Othmani et de l’ex-ministre de l’Energie, Aziz Rabbah, dans la gestion politique du dossier du Gazoduc Maghreb-Europe.
S’agissant des recettes budgétaires additionnelles induites par la hausse du prix des carburants (15 milliards de dirhams), Aziz Akhannouch a souligné que l’excédent qui en résulte, seulement 6 milliards de dirhams (9 milliards déjà prévus par la loi de finances 2022) constitue une bouffée d’oxygène et permettra au gouvernement de continuer à financer les aides directes aux secteurs touchés (le transport de marchandises et de voyageurs notamment), de poursuivre la généralisation de la protection sociale, et de maintenir l’effort consacré à l’Education et la Santé. Le tout, sans avoir besoin de recourir à une loi de finances rectificative.
Aziz Akhannouch a revendiqué la «vocation sociale» de son gouvernement, se disant prêt à continuer à soutenir les secteurs et ménages touchés par les effets de cette conjoncture exceptionnelle. «Mais nous ne devons pas tout verser pour les hydrocarbures. Il faut dire la vérité aux Marocains. Nous n’avons pas les moyens pour subventionner le diesel», a ainsi expliqué le chef du gouvernement.