Devant un hémicycle à moitié vide, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a présenté, dans l’après-midi de ce mardi 29 novembre 2022, lors de la séance mensuelle de discussion des politiques publiques, l’état d’avancement du dialogue social.
Ce sujet reflète, selon les mots du chef de l’Exécutif, «la volonté gouvernementale de construire les fondements d’une véritable cohésion sociale, où chacun peut bénéficier des conditions d’une vie digne».
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Selon Aziz Akhannouch, le gouvernement a fait le pari de faire du dialogue social «un espace de co-création de solutions» afin de réduire les effets négatifs d’un contexte national exceptionnel, en veillant à «améliorer le climat social et économique et en prenant en compte la place qu'occupe le dialogue social dans l'organisation des relations professionnelles et leur développement pour l'instauration de la paix sociale et la dynamisation de la vie économique».
L’institutionnalisation du dialogue social a pu relever plusieurs défis et surmonter différents écueils, a expliqué le chef du gouvernement. Il s’agit, entre autres, de redéfinir le statut de la «dimension sociale et économique» inscrite au cœur de la planification des politiques publiques du Maroc, tout en préservant les équilibres nationaux, en maîtrisant l'économie, en protégeant les groupes socio-professionnels les plus touchés et en conduisant les choix structurels.
Des réalisations et des carencesEn suivant le programme gouvernemental et les actions qui en découlent, ainsi que les orientations du roi Mohammed VI, le gouvernement a pu concrétiser plusieurs de ses engagements, a noté Aziz Akhannouch. Cela se traduit par «la mobilisation collective de tous les départements de l'Etat en vue d'offrir les conditions nécessaires à une véritable paix sociale, en structurant un modèle moderne de dialogue social selon une approche participative avec les partenaires clés.
Ces efforts ont été déployés parallèlement à «un souci de convergence avec les exigences du déploiement des piliers de l'Etat social, en vue de servir les intérêts supérieurs du pays et des citoyens», a fait savoir le chef de l’Exécutif.
Afin de pallier ces carences, le gouvernement a œuvré à réhabiliter l’action syndicale et les institutions syndicales, en tant qu'institutions constitutionnelles ayant la mission de plaider et de promouvoir les droits et intérêts des groupes qu'elles représentent, dans le cadre du respect de la loi et de la Constitution, a indiqué Aziz Akhannouch.
Un modèle marocain de dialogue socialIl s’agit, selon les mots du chef du gouvernement, d’un «consensus volontariste» qui a permis de trouver un modèle national de dialogue social dont les déterminants majeurs «reposent sur la consolidation d'un climat de confiance mutuelle, la clarté de la vision, la garantie de la pérennité et de la régularité des «rounds» et l'élargissement de son contenu aux enjeux sectoriels et territoriaux émergents, ainsi que la mise en place d'une nouvelle méthodologie de concertation qui saura restaurer la confiance des citoyens dans les institutions.
Pour Aziz Akhannouch, ce qui incarne véritablement la force des relations entre le gouvernement et tous ses partenaires sociaux et professionnels sans exception est la signature de la charte nationale du dialogue social le 30 avril 2022, comme étant la traduction de la volonté de ce gouvernement de s’engager dans une réforme profonde et sérieuse des différents dossiers prioritaires, en dépit des circonstances actuelles.
Amélioration du pouvoir d’achat des travailleursLors de son passage devant les membres de la Chambre des conseillers, Aziz Akhannouch a fait la lumière sur les principaux chantiers couverts par le dialogue social au cours de la première année du mandat gouvernemental. Il a évoqué dans ce sens l’amélioration du pouvoir d’achat des salariés et des employés. «Un travail de fond a été opéré afin de régulariser les promotions des employés pour les années 2020 et 2021 en raison des répercussions de la pandémie, ce qui a coûté au Trésor public environ 8 milliards de dirhams», a-t-il rappelé.
Dans ce même sens, le chef du gouvernement a précisé que l’accord de porter le salaire minimum dans le secteur public à 3.500 dirhams et d'augmenter les allocations familiales a nécessité la mobilisation d'une enveloppe financière d'environ 500 millions de dirhams.
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Le chef de l’Exécutif a aussi mis en exergue les efforts déployés par la CNSS pour améliorer le pouvoir d’achat de ses affiliés. «Afin de permettre aux retraités d'obtenir une pension de vieillesse qui préserve leur dignité, les conditions pour en bénéficier ont été ramenées de 3.240 à 1.320 jours de cotisation seulement, et pour permettre aux assurés ayant atteint l'âge de la retraite de récupérer leur part de cotisations dans le cas où ce plafond ne serait pas atteint», a souligné Aziz Akhannouch qui a rappelé «l’augmentation de 5% de la valeur des retraites dans le secteur privé».
Dialogue sectoriel en marcheParallèlement au dialogue social mené par le gouvernement, plusieurs secteurs ont connu des avancées dans les négociations entre responsables gouvernementaux et syndicats.
Dans le secteur de l’Education et de la formation, un travail participatif a été instauré en mettant en place un mécanisme de travail paritaire permettant de trouver des solutions réalistes aux différentes questions en suspens dans le système éducatif, en soulevant la qualité de l’école publique et la restauration de son attractivité et de son accessibilité, a expliqué Aziz Akhannouch.
«Ce dialogue social sectoriel a abouti à la signature d'un accord entre le ministère concerné et les cinq syndicats les plus représentatifs, qui prévoyait notamment le début de la réhabilitation de la profession enseignante, en créant un système unifié en vue de motiver tous les travailleurs du système éducatif», a énuméré le chef de l’Exécutif.
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Il a aussi évoqué l’état d’avancement du dialogue sectoriel entre le ministère de la Santé et de la Protection Sociale et ses partenaires sociaux. Ce dialogue a abouti à un accord sur un certain nombre de points, reposant sur la levée de l'injustice qui pesaient sur les médecins, pharmaciens et dentistes en modifiant leur rémunération, à commencer par l’activation de l’autorisation de l’indice 509 avec leur pleine indemnisation.
Dans ce même sens, il a été convenu, a rappelé le chef du gouvernement, de permettre aux corps des infirmiers et des techniciens de santé de bénéficier de la promotion en grade et de l'augmentation de la valeur de l'indemnisation des risques professionnels au profit du personnel administratif et des techniciens de santé. Cet accord coûtera au budget de l'Etat plus de 2 milliards de dirhams annuels, a fait savoir Aziz Akhannouch.
Un autre secteur a aussi assisté à une évolution positive du dialogue social: l’Enseignement supérieur. «Un dialogue social sérieux et fructueux s'est instauré entre le gouvernement d'une part et le Syndicat national de l'enseignement supérieur sur la mise en œuvre participative de la réforme structurelle du secteur», a souligné le chef du gouvernement.
Ce dialogue social a abouti à la motivation des enseignants-chercheurs avec un nouveau statut qui consacre mérite et compétence et œuvrant à l’amélioration de leur situation financière en mobilisant une enveloppe financière d’environ 1,9 milliard de dirhams à partir de 2023 sur une période de trois ans, outre le renforcement des mécanismes de gouvernance au niveau des établissements d’enseignement supérieur, a précisé Aziz Akhannouch qui a aussi mis en exergue l’activation du plan national d’accélération la transformation du système d’enseignement supérieur, la recherche scientifique et l’innovation à l’horizon 2030.