«La rapidité avec laquelle les relations maroco-israéliennes se sont développées au cours des deux dernières années est vraiment impressionnante», affirme d’emblée Bruce Maddy-Weitzman. Pour le politologue et historien, «il semble que les anciens tabous et limites, qui ont longtemps influencé les politiques marocaines, ont pratiquement disparu», et aujourd’hui, la coopération entre les deux pays est appelée à un bel avenir, chacun des deux pays ayant besoin de l’autre.
«Les élites des deux pays reconnaissent qu’il y a beaucoup à gagner à approfondir cette coopération. Les échanges académiques et culturels sont également florissants», poursuit notre interlocuteur.
Interrogé sur le report, à maintes reprises, de la tenue du Forum du Néguev au Maroc, l’historien répond que «Rabat a reporté la tenue de ce forum en raison de la mauvaise optique que créerait une telle rencontre dans un moment de tension accrue dans la sphère israélo-palestinienne».
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Ne serait-il pas temps pour Israël de suivre l’exemple des États-Unis et reconnaître la souveraineté du Maroc sur son Sahara, comme l’a d’ailleurs préconisé Ami Ohana, président de la Knesset, lors de sa visite au Royaume?
«Il semble qu’Israël se rapproche de la reconnaissance officielle de la souveraineté marocaine sur ce territoire. Bien sûr, Israël a soutenu concrètement la position marocaine depuis le début. Il a simplement préféré ne pas adopter une position qui serait en décalage avec les efforts du Secrétaire général de l’ONU pour trouver une solution à la question», répond le politologue, qui estime que «le moment et la séquence exacts des événements, ainsi que la nature des ententes qui accompagneront la reconnaissance, font apparemment encore l’objet de discussions».
L’Algérie et le refus radical
S’il y a un pays à avoir réagi avec le plus de véhémence à la reprise des relations entre le Maroc et Israël, c’est bien l’Algérie, qui s’enlise dans une théorie des complots. «L’Algérie est depuis soixante ans un rival géopolitique et idéologique du Maroc. Et il a toujours su qu’Israël soutenait le Maroc dans cette rivalité, remontant même à la guerre des Sables de 1963. L’Algérie a toujours été fermement ancrée dans le camp arabe du refus radical, et un des principaux soutiens des organisations palestiniennes», commente Bruce Maddy-Weitzman.
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«L’Algérie est certainement frustrée par l’emprise du Maroc sur le Sahara, et très consciente de l’approfondissement des liens militaires et sécuritaires entre Rabat et Tel-Aviv, qui affectent l’équilibre général des pouvoirs dans la région et l’obligent à essayer d’améliorer sa propre posture militaire en renforçant les liens avec la Russie et l’Iran», analyse le professeur de l’Université de Tel-Aviv, qui poursuit: «Mettre l’accent sur la soi-disant “menace sioniste” est aussi une tactique du régime pour tenter d’accroître sa légitimité aux yeux d’une opinion publique frustrée».